La mort de Nahel, ce jeune conducteur à l’arrêt et puis qui démarra, pour être ensuite abattu par un policier à Nanterre, déchaîne les passions, les inepties, les sous-entendus et rumeurs tout aussi scandaleux que l’intervention de ces forces dites de l’ordre.
J’ai même lu sur les réseaux sociaux et entendu dans la bouche de politiciens qu’il l’avait un peu cherché ce gamin sans permis, et non pas fonçant sur les policiers.
Un mensonge policier démenti par l’implacable vision d’une vidéo des faits, son en appui.
Rappelons le prêchi-prêcha de ceux qui trouvaient que les journalistes de Charlie Hebdo et de Samuel Paty, abattus par le fanatisme religieux, l’avaient également bien cherché en montrant le visage du Prophète sur des caricatures.
À vrai dire, au-delà de ces indécentes considérations populistes, il y a la dérive d’un système policier qui se croit quasiment tout permis, puisqu’il a le soutien inconditionnel des plus hautes autorités de l’État, malgré les récriminations de la Justice européenne et de l’ONU, notamment.
Force doit revenir à la loi, coûte que coûte, clament-elles.
Et que font-elles de la légitimité, celle de la conscience face aux diktats ?
En Belgique, les autorités, ministre de l’Intérieur en tête, concoctent même une loi anticasseurs qui, en filigrane, tend à bâillonner les activistes écologiques et les syndicalistes progressistes qui les dérangent tant.
Pourquoi la police tue-t-elle ? s’interroge Libé de ce 29 juin 2023 au surlendemain de la mort de Nahel ?
Parce qu’il serait grand temps de légiférer clairement en la matière, d’appeler un chat un chat lorsque les forces de l’ordre dérapent et commettent des bavures, d’arrêter d’occulter ou de les minimiser, de ne plus admettre que le ministre de l’Intérieur considère principalement son travail pour protéger la police qu’il est censé diriger, de ne plus taire les causes de drames et de violences récurrentes, dont celle d’un racisme larvé, d’établir un contrôle externe indépendant, y compris de la police des polices.
L’impunité policière est un temps révolu.
Place au respect de la légitimité, nuance fondamentale par rapport à certaines lois antidémocratiques ou règles non précisées, comme celle de tuer pour un refus d’obtempérer lors d’un contrôle routier ou d’oser manifester son désaccord en présence de la destruction massive de l’environnement.
Photo : Pixabay.
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