Selon Clare Doyle, membre du secrétariat international du Comité pour une Internationale Ouvrière : « En France, comme dans beaucoup d’autres pays, il pourrait y avoir aussi une irruption soudaine de luttes de classes sérieuses. La désindustrialisation a détruit un demi-million d’emplois depuis 2001 dans la « ceinture de rouille » du Nord-Est de la France. Entre 2001 et 2006, il y eut une augmentation massive de la proportion du salaire d’un ouvrier utilisée pour payer ses besoins alimentaires de base et ses factures : de 50 à 75% », écrivait-elle en 2008, soit quatre décennies après les événements de Mai 68
Ces événements, écrit-elle encore, ont aussi démontré de façon concluante que la révolution socialiste ne peut être mise en œuvre par une autre classe que la classe ouvrière elle-même.
En France, en 1968, avec la puissance importante de la classe ouvrière et le soutien des classes moyennes, la révolution socialiste aurait pu être menée à bien pacifiquement en quelques jours, conclut-elle.
Et en 2023 ? Geoffroy de Lagasnerie, auteur de Sortir de notre impuissance politique paru chez Fayard, indique : « Dès que nous nous plaçons en position défensive, les forces réactionnaires progressent car nous sommes condamnés, dans le moment même où nous luttons, à présenter comme norme positive l’ordre institué des choses. Les pensées réactionnaires, petit à petit, gagnent du terrain. Quand on critique une mesure en la qualifiant d’exceptionnelle, de régressive, on a tendance à vouloir retrouver, et donc conserver, l’ordre qui était là avant, alors que c’est précisément lui qu’il faut attaquer. »
En somme, tout le travail de sape social-démocrate et de droite commencé par Mitterrand et poursuivi par les Sarkozy, Hollande et Macron a creusé un sillon au grand profit de Le Pen.
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