Chaud, très chaud, mais tellement indispensable le dernier essai de Richard Malka, « Traité sur l’intolérance » paru chez Grasset.
L’avocat, également scénariste et romancier bien connu du grand public pour ses plaidoiries dans les procès inhérents à Charlie Hebdo, vit sous la protection constante de cinq policiers, puisqu’une menace de mort pèse sur lui et est signée du fanatisme religieux.
« Plaider, dit-il, c’est nommer la cause, clairement, sans circonvolutions. Si on ne nomme pas, on ne peut pas raisonner, si l’on ne pose pas le diagnostic d’une maladie on n’a aucune chance d’y trouver un remède. Et les massacres se poursuivront, inexorablement. »
« Quelle est cette cause qui a tant tué depuis des siècles ? » lança-t-il le 17 octobre 2022 dans la salle Voltaire de la cour d’assises spéciale de Paris en appel du procès des attentats islamiques de janvier 2015.
« Dans cette salle, dit-il, il faut bien finir par la désigner, la regarder en face : c’est la Religion. Ce sont les auteurs de ces crimes eux-mêmes qui le hurlent et le scandent. »
Je rejoins Richard Malka quand il stigmatise ceux qui remettent en cause la légitimité de la critique, de la caricature, a fortiori l’inaliénable droit à la liberté d’expression et des libertés fondamentales, comme le fit en quelque sorte Philippe Geluck, pas très en odeur de sainteté à Charlie Hebdo, lorsqu’il déclara à Maghreb TV, selon le magazine Valeurs actuelles du 25 octobre 2020 : « Je sais que les dessinateurs de Charlie Hebdo voulaient critiquer les intégristes extrémistes, les pouvoirs odieux qui découlent de la dérive de la religion, mais qu’est-ce qu’ils ont fait ? Que les musulmans se sentent offensés, se sentent tristes et n’ont pas envie de dire : ‘‘Je suis Charlie’’… »
Le magazine soulignait que, je cite, « le caricaturiste belge se désolidarisa de ses confrères mettant en avant une question de « respect » envers la religion musulmane. »
Richard Malka expliqua encore : « Par peur, culpabilité ou calcul électoral, certains ne veulent pas les entendre ceux qui clament agir au nom de la religion ou leur cherchent systématiquement des excuses, s’empressant de proclamer que ces assassins ne savent pas ce qu’ils disent, qu’ils ont perdu la raison, qu’il s’agit de loups solitaires ou barbares. Non, ils savent ce qu’ils font, ils le revendiquent, ils en sont fiers. Il suffit de ne pas être dans le déni.
Et de lancer : « Que vous faut-il de plus pour comprendre ? Comment fait-on pour ne pas interroger la religion, pour prétendre que cela n’a rien à voir, sauf à faire comme si on n’avait pas entendu. Plus on sacralise les croyances, moins on respecte les hommes et, pas à pas, on chemine vers l’obscurité. »
Ne pas oser dénoncer la toute-puissance d’un Dieu qui écrase les êtres humains à travers la férule du fanatisme religieux, c’est les abandonner à leur malheur, celui où la liberté d’expression est considérée comme un blasphème. Or, cette liberté est l’arme la plus redoutable pour contrer le fanatisme.
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