En voyant les violences gratuites et injustifiées de forces de maintien de l’ordre à l’œuvre contre des citoyens qui ont le droit fondamental à manifester de façon pacifique, et qui le faisaient sans débordements majeurs à l’occasion des récentes manifestations contre la réforme des retraites, le 49.3, le président Macron et les bassines, d’aucuns se posent de légitimes questions sur cette politique de la répression qui est excusée par les autorités au nom d’une prétendue fatigue des policiers et gendarmes, et la volonté d’en découdre avec les « black blocs ».
Cet amalgame dénoncé par la Ligue des droits de l’Homme, la commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, le rapporteur spécial de l’ONU, Reporters sans frontières, Amnesty International…, résulte de différents constats sur cette violence avec son cortège de personnes gravement blessées.
En voici une liste non exhaustive : traumatisme crânien, œil crevé, doigt coupé, fracture d’un pied, humiliations, menaces, allusions racistes, injures, coups de matraque ou de poing au visage à des personnes pourtant immobilisées, coups donnés par des gendarmes en quads ou motos rappelant les sinistres « voltigeurs », utilisation de grenades de désencerclement qui propulsent des galets en caoutchouc, grenades lacrymogène et assourdissantes lancées vers du personnel de secours, les street-medics, occupé à soigner des blessés…
Cette dérive est donc perpétrée avec deux arguments amalgamés et qui ne sont guère acceptables dans un État de droit.
Qui sont les black blocs ou blocs noirs ?
La technique de policiers déguisés en casseurs est à présent bien connue, comme le démontrèrent encore de récentes manifestations où le pouvoir et l’extrême droite eurent tout le loisir de montrer du doigt la « chienlit » dégagée, selon eux, par les mouvements pacifiques ou syndicaux.
Les black blocs sont des groupes de manifestants, ultra-violents, tout habillés, et souvent casqués et masqués, de noir.
Leur origine remonte aux groupes autonomes allemands de Berlin-Ouest provenant des squats dans les années 1980.
Cependant, il est à relever qu’il existe des « black blocs » non-violents comme on le vit lors de différentes manifestations, contrairement aux paroles assez dures d’un « black bloc » que j’ai interrogé en m’infiltrant dans un de leurs groupes : et sa réponse ne souffrit pas la moindre ambiguïté quand j’ai évoqué le pacifisme, la non-violence, le fusil brisé comme emblème des objecteurs de conscience… :
« Comme on a pu l’observer, les révoltes qui restent dans les cadres établis rentrent totalement dans le jeu du pouvoir et ne permettent pas d’obtenir de réelles avancées. Votre pacifisme ne sert plus à rien, il faut passer à autre chose ! » me répondit-il.
Je lui ai expliqué que cette « autre chose » ferait, justement, le jeu de décideurs au pouvoir qui, quelque part, n’attendaient peut-être que cela pour briser le mouvement qui gagnait à lui tant de citoyens convaincus par la justesse de la contestation.
« Et alors ? De toutes façons, il y a des flics déguisés en casseurs pour démolir le mouvement social et les gens vont gober les explications du pouvoir, comme ils croient aux promesses hypocrites des politiciens.
Alors, casseurs pour casseurs… »
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