Depuis moins d’une décennie, le mouvement décolonial prend de plus en plus d’ampleur.
En France, les avancées sont timides pour reconnaître les affres de la Guerre d’Algérie, guerre coloniale par excellence, si j’ose dire. En Belgique, où la frilosité politicienne existe dès que la monarchie est sur la sellette, la politique menée par le roi Léopold II au Congo fut tout aussi dramatique pour le peuple autochtone et l’admettre relève encore d’un combat sans relâche dans les mentalités.
À ce propos, il n’est pas toujours aisé aux populations françaises et belges, mais aussi allemandes, espagnoles, britanniques, portugaises, hollandaises, bref, aux occidentales, d’admettre cette évidence : le colonialisme fut un système de gouvernance basé sur une occupation militaire, sur le racisme et l’exploitation éhontée des ressources humaines et naturelles locales.
La propagande des, je cite, « bienfaits du colonialisme » fit le reste : enfumer les populations des pays colonisateurs et leur fournir des stéréotypes d’une prétendue supériorité de la race blanche sur l’africaine, ou sud-américaine, ou asiatique…[1]
Si la priorité des priorités actuelle est la lutte contre le racisme, rejeter toute forme de néo-colonialisme et la reconnaissance officielle de ce qui s’apparente parfois à un génocide, la restitution des pièces de collections africaines, par exemple, doit aussi s’opérer en coordination avec les pays qui furent colonisés.
Une coordination et non pas une attitude patriarcale ou, encore, développée avec un esprit de suffisance et d’arrogance, voire avec des desseins de business.
Ce sera le sujet, ô combien sensible, d’une prochaine chronique sur nos antennes.
Photos explicites
Le Musée de Tervuren, dans les environs de Bruxelles, est encore appelé « musée colonial » par les nostalgiques de la présence belge au Congo.
Les photos du présent reportage situent le pillage des richesses locales, même animales, avec des éléphants aux défenses coupées pour en faire des boules de billard pour amuser les bourgeois et les nantis, aux autochtones aux mains coupées parce qu’ils n’étaient pas assez rentables pour enrichir le monarque Léopold II, aux statues présentant les Congolais comme de « braves sauvages »…
Photos : Pierre Guelff.
[1] Le Soir, 3 et 4 septembre 2022.
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