lundi, novembre 25, 2024

Rencontre avec Bob Dylan : « Je parle à la place des morts ! » (2/4)

Ainsi, le 15 octobre 2022, je vais rencontrer Bob Dylan. Du moins, sauf conférence de presse « miraculeuse », lui sera sur scène et moi dans la salle.

D’ici-là, je prépare déjà ce moment avec celui qui marqua mon militantisme pacifiste il y a plus d’un demi-siècle, en lisant son autobiographie Chroniques parue chez Folio et en réécoutant ses chansons.

« Il n’y avait rien d’aimable ni d’accommodant dans les chansons que je chantais, écrit-il. Rien de sympa, rien de doucereux. Ah, on peut le dire, ça n’était pas commercial. Les folksongs, pour moi, ce n’était pas du divertissement. Elles traduisaient des réalités différentes, elles me servaient de précepteur, de guide vers une république d’un autre ordre, une république libérée. »

Comment se dessina le destin de Bob Dylan en ce début des années 1960 ?

Il y répondit du fond du « Gaslight », une boîte où il interprétait des sets de vingt minutes dans une salle bondée et enfumée : « Un mur plein, sans promesse, sans menace non plus – du bla-bla. Sans aucune garantie, pas même celle que la vie n’est pas une vaste plaisanterie. »

Néanmoins, il donna un indice ou l’autre sur la suite de son destin : « La justice, c’est très bien, seulement, cette fois, c’est moi qui la fais… les morts n’ont plus rien à dire, donc je parle à leur place, okay ? Une chanson peut rendre fidèlement compte de choses complexes. Je savais ce que je faisais et je n’allais pas battre en retraite, ne serait-ce qu’une seconde, pour qui que ce soit (…) J’ai essayé d’expliquer que je n’étais pas, à mon sens, un chanteur-engagé, en revanche, j’écoutais très souvent des chants de révolte, et ceux-là me touchaient vraiment. Il ne s’agissait pas d’engagement mais de rébellion. »

Cependant, tout changea, voire bascula même, lorsqu’il lut cette formule : « Je est un autre ».

Ainsi, après son premier album, quelques rapaces du show-business tournèrent autour de celui qu’ils pressentaient comme une future star, au point de lui recommander de dénoncer son contrat signé avec John Hammond.

La réplique de Bob Dylan fut cinglante : « On m’aurait donné une fortune que ça n’aurait rien changé. Hammond avait cru en moi et l’avait prouvé par des actes. Mille ans pouvaient bien s’écouler, jamais je ne l’aurais trahi. »

La grandeur de ce chanteur-rebelle, comme il se définissait à cette époque, se mesura aussi dans cette fidélité.

Photo : Prise d’écran de Youtube, également extraits musicaux.

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