J’aime citer Albert Camus qui fut un modèle de journaliste engagé : « Il faut prendre conscience de son appartenance au monde de son temps, renoncer à une position de simple spectateur et mettre sa pensée ou son art au service d’une cause » , dit-il.
Parmi les éditorialistes francophones, Riss, de Charlie Hebdo, est l’un des plus percutants. Souvent, ses analyses d’homme de terrain éclairent d’une approche inédite l’actualité.
Cheminot à un poste d’aiguillage, il se lança dans le dessin de presse, intégra l’équipe du journal La Grosse Bertha, car il fut apprécié par les Cabu, Wolisnki et Gébé, références incontestées du genre.
Après avoir été blessé lors de la fusillade à Charlie Hebdo dont il était devenu le rédacteur en chef, il est le directeur de cette publication hors du commun.
Dans son dernier édito il a écrit avec une connaissance pointue de la société et de la géopolitique ceci : « Les Français ont le sentiment que tout est joué d’avance : l’économie se décide ailleurs, les idées nouvelles sont pensées hors de France, quant au destin de la planète, il est scellé, et rien, ni à Paris ni ailleurs, ne pourra le modifier. »
Et d’ajouter ce constat d’une lucidité glaçante : « Les puissances qui ont été déchaînées par l’économie libérale, la spéculation, la destruction des écosystèmes, l’individualisme forcené qu’on impose à nos vies personnelles et professionnelles ressemblent à cette mort qui arrive, trop puissante pour qu’on ait l’énergie de s’y opposer. On ne sait plus comment faire pour contrer la numérisation du monde, arrêter la course effrénée vers le profit, stopper la destruction des services publics, et sentir disparaître un peu chaque jour le sentiment d’appartenir à une maison commune. »
Ce constat, Fréquence Terre le dresse aussi depuis une quinzaine d’années à travers maintes de ses chroniques, celles-ci étant relayées par plusieurs radios FM et webradios partenaires.
Il s’agit donc d’un combat pour la survie de la planète et il nous reste, certainement avec Riss, à déjouer in extremis ce pronostic catastrophique en forme de dernière bouée d’un ultime sauvetage : « Quand le destin de la planète est joué… »
L’heure n’est plus aux tergiversations, au blablabla : on ne peut pas se résigner à attendre la mort, il faut réagir et, surtout, interpeller, sans relâche, les politiciens et leurs acolytes fossoyeurs de l’environnement au nom du profit, de leur profit.
Réagir, interpeller, et surtout ne plus les laisser faire en militant en tant que citoyen responsable et non béni-oui-oui.
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