Par rapport à la guerre en Ukraine (comme pour tous les conflits), les pacifistes ne sont pas insensibles à la détresse du peuple ukrainien (et aux familles russes dont les enfants, maris, compagnons, amis et amies…, sont morts dans des combats pour lesquels ils ont été manipulés), mais ils jugent hypocrites les Occidentaux regroupés dans l’OTAN indignés aujourd’hui par des crimes qu’ils commirent hier, telle l’invasion de l’Irak par les militaires américains soutenus par quinze pays de l’Union européenne, et, également, par l’Ukraine, comme le souligne l’excellente analyse dans le mensuel de l’Union Pacifiste de France de Bernard Baissat, ancien journaliste et réalisateur à la télévision française.
Hypocrites, aussi, sont les écologistes français, allemands, suisses, favorables, comme le président Biden, à la livraison d’armes à ladite Ukraine.
N’oublions cependant pas que l’OTAN est le bras armé de l’Occident, libéral, capitaliste, sous la férule de l’État américain qui a augmenté ses troupes en Europe (de 70.000 à 100.000 hommes), y stocke des armes nucléaires (en Allemagne, en Belgique, entre autres), pousse à acheter de l’armement américain, enjoint chaque pays européen à atteindre les 2% du produit intérieur brut (PIB) pour le budget militaire, ce à quoi Ludivine Dedonder, ministre socialiste belge de la Guerre, y consent allègrement.
Il s’agit d’un processus d’escalade qui convient bien aux fabricants et marchands d’armes, ce qui accentue automatiquement la crainte d’un conflit mondial. On est en présence d’une spirale infernale, en somme. Du moins, pas infernale pour tout le monde, n’est-ce pas ?
La question posée par mon confrère, par ailleurs, pacifiste notoire, est : « L’Otan a-t-elle provoqué la Russie ou l’a-t-elle trop laissé faire ? »
En amenant les forces de l’OTAN aux portes du dictateur russe, les Atlantistes savaient pertinemment qu’ils jetaient les bases d’une confrontation qui, je le rappelle encore, fait le bonheur de l’industrie de l’armement et des politiciens militaristes, tels les Ludovine Dedonder, Florence Parly, Sébastien Lecornu…
Ce business et ces accointances entre le monde politique fait « la bonne santé du complexe militaro-américain » et de ses alliés pour quelques années.
Cependant, quand les pacifistes émettent ces propos, ils sont catalogués d’« insensibles à la détresse humaine », dire qu’encercler la Russie comme cela s’est fait, c’est être considéré comme un suppôt de Vladimir Poutine.
Il faut raison garder ! Ce ne sont certainement pas les pacifistes qui jubilent quand les médias lancent que l’« OTAN est ressuscitée », alors qu’il s’agit d’un processus de destruction massive obligatoirement couplé à des morts humaines cataclysmiques.
Ce ne sont certainement pas les pacifistes qui ont donné lieu à cette situation d’interventions meurtrières russes et d’armement atlantiste à outrance aux frontières russes depuis deux décennies.
Et, bien sûr, il n’est pas de bon ton de souligner qu’une société d’armement française, avec l’aval du gouvernement d’Emmanuel Macron, a vendu du matériel à la Russie, comme cela s’est vérifié dans des chars russes près de Kiev il y a quelques jours.
À quelques exceptions près, l’union sacrée belliciste formée par l’État américain et ses alliés européens trouve généralement un écho très favorable dans la presse occidentale, souvent subsidiée. On ne mord pas la main qui vous donne à manger, n’est-ce pas !
Relever cela, c’est aussi être considéré comme un suppôt de la clique à Poutine.
Alors, face à tout cela, il est répondu aux pacifistes : « Et que faut-il faire face à cette invasion russe ? »
La réponse est immuable depuis que le pacifisme est né, depuis que l’antimilitarisme est actif : refus d’obéir aux injonctions des militaristes, insoumission, objection de conscience, opposition à toute politique belliciste, dénoncer que plus de 170.000 Belges possèdent une arme de poing malgré, selon les autorités, « une législation contraignante », ce qui est leurre, bien entendu, et, surtout, militer inlassablement pour une transformation radicale de la « Culture militariste » du petit soldat de plomb aux séries télévisées faisant l’apologie des armes, en une « Culture pacifiste et citoyenne », celle-ci transformant l’industrie de l’armement en une industrie axée sur le bien-être, les soins de santé pour tous, et de donner les moyens pour contrer la crise climatique en rappelant, aussi, que l’industrie de l’armement est une très grande pollueuse qui n’est régie par aucune loi de protection de la Nature. Que du contraire !
Tout cela se prépare, se « milite », comme je le répète tout aussi inlassablement, et ce n’est pas en pleine crise désirée et tellement espérée par le monde du business, que cela s’échafaude.
Comment faut-il donc encore expliquer que détruire puis reconstruire, est une stratégie mûrement préparée pour enrichir ou glorifier certaines personnes qui, elles, ne sont pas aux prises avec les bombardements viols, mutilations, fusillades…
« Tout cela s’est du blablabla ! », renchérissent les sceptiques et les militaristes endoctrinés.
Effectivement, il a fallu des incendies dramatiques pour que l’on pense à placer des systèmes d’alarme et des moyens d’extinction du feu dans les habitations, salles de spectacle, musées, dancings…
Néanmoins, le pacifisme actif exige que l’on privilégie le dialogue et de véritables pourparlers, puisque tous les conflits finissent quand même par un traité de paix ou, du moins, l’arrêt des armes au lieu d’en fournir davantage aux uns et aux autres, au lieu de développer des aides réciproques (des médicaments pour du blé, par exemple).
Que l’on soutienne les milliers de pacifistes russes déjà arrêtés ou que l’on aide ceux qui œuvrent pour la paix, tels les Mères de soldats, la Maison de la paix et de la réconciliation, le Groupe de Moscou, Mémorial, etc., toutes des associations-sœurs de l’Union Pacifiste.
Le choix de soutenir ceux qui refusent de tuer, de mutiler, de décimer, d’autres êtres humains, est quand même plus louable et humaniste que d’approuver le don de fusées-tueuses, c’est aussi un moyen de s’opposer à Poutine et à son régime, à l’OTAN belliciste, au capitalisme, grand ami de l’industrie de l’armement.
La paix se prépare, la paix est le résultat d’un activisme sans concession, sans relâche et ce n’est pas affaire de lâcheté !
Qu’on se le dise et que l’on interpelle les politiciens en leur prouvant que la guerre n’est pas écolo, que la principale action urgente est celle pour un changement climatique et qu’il n’existe pas d’armes dites vertes.
Enfin, que s’ils veulent faire la guerre, qu’ils aillent eux-mêmes la faire. Ce n’est pas Boris Vian qui m’aurait contredit !
Source texte de Bernard Baissat et deux illustrations : Union Pacifiste, mensuel n°599
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