Les progrès techniques font régresser l’intelligence avec la menace que l’être humain sera incapable de raisonner logiquement. Il en va de même au niveau des aptitudes physiques : « Prenons l’exemple de la roue gyroscopique qui permet de se déplacer sans effort. Elle est ingénieuse certes. Mais dramatique du point de vue évolutif », explique Gilles Goetghebuer, spécialiste de la santé, de la physiologie, du sport, chroniqueur à France 5 et fondateur du magazine de course à pied Zatopek.
Et de spécifier que de toutes les espèces animales, l’être humain est probablement celui qui adopta le mode ambulatoire le plus performant et que cette biomécanique géniale fut à l’origine du développement du cerveau et de l’éveil de l’intelligence.
Il ajoute que la marche est un antidote à la dépression, à la démence et à la décrépitude.
Dans ce constat, il est patent que la génération actuelle des vingtenaires et trentenaires fait partie intégrante de la mainmise des technologies dites nouvelles sur le mode de vie en société et qu’un fossé s’est créé entre leurs parents et grands-parents au point que l’éminente sociologue, Claudine Attias-Donfut, co-auteure de l’essai Avoir 20 ans en 2020, le nouveau fossé des générations (Odile Jacob, 2020), évoque la « première génération horizontale » à leur encontre.
Comme elle déclara à L’Obs, il y a une véritable rupture de ces jeunes avec leurs générations précédentes : « Jusqu’ici, dit-elle, les jeunes se construisaient en opposition ou confrontation avec le modèle imposé par la génération précédente. La génération actuelle, elle, ne se confronte ni ne s’oppose aux générations précédentes, elle se situe simplement en dehors d’elles. Cette génération est la première à être née avec internet et à s’être constituée à travers les réseaux sociaux. Elle est le produit d’une nouvelle génération, elle recherche l’approbation du côté des pairs (horizontalité) et non plus des aînés (verticalité). »
Et la sociologue de commenter davantage cette situation : « Il s’est produit une coupure inédite et radicale entre ces jeunes et leurs aînés, tant au niveau des valeurs et des goûts que des manières de faire, de penser et de regarder le monde. Les plus âgés sont vus comme de gentilles vieilles personnes un peu dépassées, notamment en raison de la fracture numérique. De l’autre côté, les jeunes font preuve d’une dextérité incroyable. Il y a alors la nécessité d’une transmission qui se fait de bas en haut, ce qui est plutôt inédit. Pour autant, la communication n’a jamais été aussi compliquée entre les générations qui ne parlent plus le même langage. »
Claudine Attias-Donfut explique encore que la jeunesse reproche à leurs prédécesseurs de leur laisser une planète bien malade, d’où « une vive remise en question de la culture des aînés ».
Cette jeunesse s’engage donc à réparer les pots cassés par leurs aînés. Historiquement, explique à nouveau la sociologue, les jeunes ont plutôt revendiqué la liberté d’opinion, d’expression ou de conscience, mais la jeunesse actuelle, elle, est moins attachée à ces libertés, elle est politisée autrement et manifeste une certaine méfiance à l’égard de ce que l’on appelle les élites. Pour ce faire, elle est consciente des risques climatiques, économiques et géopolitiques que nous vivons, elle relève ces défis. Cette confiance dans ses propres capacités est réjouissante, conclut-elle.
Il reste à inculquer à cette jeunesse que la marche est quand même préférable à la roue gyroscopique, et que le tout au numérique, y compris l’intelligence artificielle, est un très grave danger de disparition du libre arbitre, de la réflexion et de la démocratie.
Des concepts pour lesquels les générations précédentes se sont battues au nom de la liberté de pensée et de vivre.
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