dimanche, novembre 24, 2024

« Je respecte toutes les opinions… même la mienne ! »

Quand on évoque le peintre, graveur et lithographe namurois Félicien Rops (1833-1898), d’aucuns pensent aussitôt à ses peintures érotiques qualifiées de « très osées » à l’époque. C’est réducteur par rapport à l’immense talent d’un chef de file de l’avant-garde artistique à la fin du XIXe siècle (Photos de Fréquence Terre d’œuvres de Félicien Rops exposées au Musée Rops à Namur).

Étudiant doué fréquentant un collège des Jésuites, il dira qu’il y a appris un « tas de choses inutiles qui ont fait le charme de sa vie » et, déjà, il appréciait caricaturer ses professeurs.

Néanmoins, il bifurqua de l’enseignement catholique à l’école laïque, puis il suivit des cours à l’académie des Beaux-Arts, s’inscrivit à l’Université Libre de Bruxelles, une fondation libre-exaministe ou, comme on dit dans l’Hexagone, libre-pensée, pour faire face à l’omnipuissante Université Catholique de Louvain.

Très engagé dans le mouvement estudiantin et la bohème bruxelloise, il créa l’hebdomadaire Uylenspiegel, le journal des ébats artistiques et littéraires, et s’attaqua même au domaine politique en devenant un spécialiste de la lithographie avec « La comédie politique », « La politique pour rire… »

En 1857, il épousa Charlotte Polet, fille d’un juge et deux enfants naîtront de cette union.

La réputation de Félicien Rops atteignit Paris et il illustra de ses gravures l’ouvrage Légendes flamandes de son ami Charles De Coster et fut considéré comme un maître de l’eau-forte, mieux connue sous le nom de « gravure chimique », alors que ses œuvres érotiques suscitaient maints commentaires, parfois courroucés et indignés.

Rops rencontra également Baudelaire et ils échangèrent sur leur, je cite, « amour de la forme cristallographique première ».

Auteur de frontispices, c’est-à-dire des gravures placées en regard des titres de livres, il devint l’illustrateur le plus demandé dans la Ville lumière.

Les engagements de Félicien Rops, outre son appartenance à la philosophie non dogmatique qu’est la Franc-Maçonnerie, furent basées sur des actions concrètes : fondation de la « Société libre des Beaux-Arts » s’élevant, justement, contre tout dogmatisme qui, à ses yeux, était « la négation de toute liberté et de tout progrès ».

Il créa aussi la « Société internationale des Aquaforistes ».

Il s’installa à Paris, eut une vie privée, disons, intense, et dans son art il eut une approche de plus en plus réaliste de la société, car, pour lui, l’emprise du sexe était une réalité humaine.

Il se tourna également vers un art symbolique.

Habitant près de Paris, il s’adonna à la botanique, créa une nouvelle variété de rose, collabora avec Verlaine avant de s’éteindre le 23 août 1898 dans sa propriété au bord de la Seine, non loin de la forêt de Fontainebleau.

En arrivant au Musée Félicien Rops à Namur, la capitale de la Wallonie, des citations sont inscrites sur le sol et, bien entendu, il y a en a quelques-unes à l’intérieur des deux étages qui le composent : « Le nu absolu joue un certain rôle dans la vie et dans tous les temps », « Je veux faire des choses nouvelles, si le Diable m’en donne la force », « Notre siècle étroit et bête me pèse comme un vêtement qui n’est pas à ma taille », « Je respecte toutes les opinions… même les miennes » et sa devise : « Rops je suis. Aultre ne veulx estre ».

Mais Félicien Rops expliqua aussi les techniques employées pour composer son art, comme cela est exposé à côté de dizaines de ses œuvres (écoutez le podcast ci-contre).

 

Musée Félicien Rops – 12 rue Fumal – Namur

https://www.museerops.be/

 

 

 

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