C’est une histoire peu banale que celle de Priscille Deborah. Voici ce qu’elle en dit : « Mon histoire est une histoire qui commence mal et qui finit bien. J’ai vécu une grave dépression post-partum. Je n’en pouvais plus, je ne voulais pas mourir mais je voulais que ça s’arrête, que cette immense souffrance intérieure s’arrête et je me suis jetée sous le métro. J’avais perdu mes deux jambes et mon bras droit. J’étais désespérée et je ne savais pas encore que je venais de me redonner naissance. J’allais découvrir la liberté et ce handicap allait devenir ma plus grande force ».
Une vie à inventer paru chez Albin Michel raconte le chemin de vie de Priscille Deborah qui a survécu et qui clame : « Il n’est jamais trop tard pour être vivant ».
De la vie et de la rage de vivre, il y en a chez Priscille ! Il y a tout d’abord la peinture, c’est un besoin vital pour elle. Il lui faut être le plus possible autonome. Sa priorité est de remarcher, ce qui demande énormément de temps et d’énergie.
« Je dois dépasser ma peur et faire croire à mon cerveau que j’ai deux jambes, je dois dépasser ma peur de tomber car je n’ai pas de retour sensoriel au niveau du sol. Je n’ai pas le choix, prendre soin de moi, signifie gérer ma marche, entretenir mon matériel, soigner mes blessures, faire du sport afin que toutes les parties du corps qui peuvent être utilisées le soient. Pour moi, il est question de dignité et de fierté ».
Priscille Deborah travaille intensément tant extérieurement qu’intérieurement car elle veut accomplir ses rêves et son destin. L’arrivée de ses premières prothèses coïncident avec la découverte de la possibilité de peindre en public et en direct. Les performances deviendront une part importante de son travail d’artiste.
Outre son travail d’artiste, il y a le sport comme l’équitation, le surf, mais surtout la natation qu’elle pratique avec bonheur et en aussi en compétition.
Par-dessus tout, ce qui est essentiel pour Priscille c’est de s’aimer, en d’autres mots, s’accepter tels que nous sommes. Après son divorce, elle rencontre un homme qui lui ouvre d’autres possibles et ensemble ils auront une fille. Aujourd’hui, entourée de ses deux filles et de son mari, elle veut changer le regard des valides sur les personnes handicapées, elle veut combattre les préjugés de manière plus générale pour aller vers plus de tolérance. Et leur formidable énergie commune à fait naître une association « Des fauteuils et des ailes ».
Mais le handicap se gère avec une vision à long terme. Avoir deux bras, lui permettrait une assisse plus droite et plus équilibrée. C’est pourquoi son prothésiste l’emmènera vers la TMR ( Targeted Muscle Reinnervation) la technique chirurgicale qui permet l’utilisation de la prothèse de bras bionique. Un bras en acier et en électronique, entièrement commandé par le cerveau.
Cet exploit bionique équivaut à changer de corps, mais aussi changer dans le regard de l’autre. Car un appareillage c’est toujours un harnachement qui entraîne de la fatigue : le cerveau travaille beaucoup plus et le corps aussi. Il faudra à Priscille Deborah un mental d’acier pour vivre cette aventure bionique.
Avoir un nouveau bras lui permet de redevenir entière, elle se sent immédiatement mieux.
Cet ouvrage qui se lit d’une traite tellement il captive, permet à l’auteur de transmettre ce qu’elle a compris, ce qu’elle a appris et elle veut servir le plus grand nombre, elle veut transmettre que tout est possible, que la liberté est nécessaire et que la vie vaut la peine d’être vécue.
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