Une personne qui apprécie Ivan Illich attire déjà mon attention, parce que dans les années 1970 j’étais enthousiasmé et interpellé par la lecture de celui qui influença positivement toute une génération au grand dam des dominants.
De plus, quand cette personne ajoute qu’elle fut séduite par l’humanisme et le courage de René Dumont, un pionnier de l’écologie en France, et qu’elle dédie son livre à Greta Thunberg, porte-parole écologiste de la jeunesse militante, je me suis dit que j’allais lire son ouvrage avec un intérêt décuplé.
Cette personne, c’est Michel Joli qui vient de publier aux Éditions érès un essai consacré à la Fraternité globale, avec en sous-titre « Expliquée à ceux qui veulent changer le monde ».
D’emblée, un constat au sujet de ce concept de la Fraternité : « Nous pouvons aujourd’hui considérer que, au cœur de la complexité de la civilisation, la Fraternité constitue la seule caractéristique universelle qui unit tous les humains. Le phénomène fraternel est bien ce sentiment de solidarité incrusté au fond de chaque être humain. »
Hélas, sous les coups de boutoir de l’économie libérale productiviste et d’un égocentrisme exacerbé chez de nombreux citoyens, cette fraternité est en « voie de disparition ».
Pourtant, explique Michel Joli, « la solidarité a un effet direct en matière de secours, elle fonde aussi un sentiment de proximité utile, de cohésion et de solidité de la trame sociale qui nous supporte, loin d’être une forme de soumission à un ordre extérieur, elle est surtout une affirmation de soi ».
J’ai apprécié sa phrase qui devrait être méditée par tous les citoyens, particulièrement les nombrilistes : « Il ne peut y avoir de bonheur individuel sans bonheur collectif. »
L’auteur assène également une raison à la perte du sens fraternel que Fréquence Terre constate depuis deux lustres : « Dans les pays développés, la fraternité devint sans objet, remplacée par la concurrence économique et l’adhésion forcée à l’individualisme libéral. »
Mais, au juste, qu’est la Fraternité aux yeux de l’auteur ?
« C’est le temps disponible, le partage, l’engagement, la solidarité, les limites éthiques, le bon usage des techniques et de la science, le rapport à la nature… C’est aussi la participation de tous aux débats essentiels, mieux mobiliser la raison en lieu et place de l’avidité pour fixer les limites humanistes au progrès dans le respect des ressources de la Terre. »
Et, Michel Joli d’expliquer que tout cela fut possible et démontré lors de ces derniers mois, je le cite « dans le dos de nos dirigeants empêtrés dans leur ego, leurs compétitions stériles et leur persistance obstinée dans l’erreur. »
C’était sans encore connaître les réactions égoïstes de plus en plus marquantes pour boycotter les mesures sanitaires en ces temps de pandémie, je suppose.
À bientôt pour la suite de cette lecture importante, celle qui pousse à la réflexion critique et non à l’endoctrinement ou à la manipulation.
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