Henry Spira (1927-1998) fut un influent militant pour le droit des animaux, encore et toujours un modèle pour des associations de défense animalière, telle L214 dont une fondatrice déclara dans « Théorie du tube de dentifrice » ou « Méthode de l’homme qui a fait plier le FBI, L’Oréal et McDonald’s », ouvrage de Peter Singer (Le livre de Poche) : « Notre efficacité ce sont les méthodes d’Henry Spira ».
L’auteur explique la philosophie d’Henry Spira : « Son travail peut nous enseigner comment transformer nos positions morales en actions afin qu’elles puissent avoir un impact sur le monde. »
Les campagnes de Spira aboutirent à supprimer ou à limiter la souffrance animale et la théorie de ce pacifiste manifestant seul semblait aussi simple que de déboucher un tube de dentifrice.
À savoir, d’un côté, tenter d’enlever ce qui obstrue l’ouverture, de l’autre appuyer sur le tube. Résultat de l’opération : lever l’obstacle et faire pression.
Ajoutons qu’à chaque problème posé il suggérait une solution crédible. Certes, parfois il est difficile de déboucher un tube de dentifrice, mais, au moins, cela donne un sens à son existence, permet de lutter contre l’injustice et, petit à petit, changer les mentalités.
Henry Spira, d’origine belge a fui l’Allemagne nazie avec sa famille à 11 ans, puis, à l’âge adulte, il émigra aux États-Unis, devint marin, ensuite syndicaliste et enfin activiste à temps plein.
« Successivement inspiré par les socialistes, les anarchistes et Martin Luther King, ce défenseur des travailleurs et des Noirs américains se mua, à 45 ans, en militant de la cause animale », spécifie Peter Singer.
Quant à Henry Spira, retenons cette première citation avant de développer davantage et dans plusieurs chroniques son parcours : « Si vous repérez une situation injuste, vous devez faire quelque chose. »
Peu enclin à servir sous les drapeaux des USA, il fut cependant intégré de force à l’US Army en 1952, alors que, je cite l’auteur « la marche au pas et les manœuvres militaires lui paraissaient vaines… »
À vrai dire, ces deux années passées dans l’US Army l’éclairèrent sur ce qui allait devenir l’œuvre majeure des vingt-cinq dernières de sa vie : « L’armée ne cherchait pas à nous inspirer, elle s’efforçait de produire des robots humains. Ainsi, on donnait aux recrues une brosse à dents pour nettoyer le bureau des officiers. Tout le monde savait que c’était absurde, mais l’exercice servait à apprendre au nouveau soldat à faire ce qu’on lui disait. Tel un zombie, le soldat n’avait droit ni à une conscience ni à de la spontanéité.
Toutes les recrues à qui l’on faisait faire des manœuvres s’interrogeaient sur le sadisme des instructeurs. À la fin de la formation de base, nous avons compris que l’armée avait pris un certain nombre de connards, les avait mis à l’école des dirigeants, et, après quelques semaines, ceux-là mêmes qui ne pouvaient imaginer quelqu’un d’aussi sadique que leur instructeur faisaient la même chose aux nouvelles recrues. »
« Je crois que, fondamentalement, on a envie de sentir que notre vie est revenue à plus que simplement consommer des produits et générer des déchets », déclara Henry Spira, celui qui fit plier quelques multinationales.
Dans de prochaines chroniques nous analyserons de plus près ce « mode d’emploi » pour changer le monde.
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