J’ai toujours privilégié les opinions, témoignages et travaux de gens de terrain par rapport à ceux des bureaucrates et salonnards qui refont le monde à coups de théories lues sur Internet et s’autoproclament experts.
Dans cette optique, la lecture de l’essai Les Perruches du soleil de Jacques Dochamps, réalisateur et auteur de nombreux documentaires, un ouvrage paru aux Éditions First, est un modèle du genre. Au moins deux chroniques lui seront consacrées sur notre antenne.
Voici un homme qui avoue qu’à force de chercher les failles du monde, il n’a fait qu’agrandir les siennes et qui, justement, à force de déconvenues, d’expériences plus ou moins décevantes ou encourageantes selon les situations, à force de questionnements majeurs, de découvertes et rencontres, prend conscience que la « Terre n’est pas à vendre, car la Terre est notre Mère ».
Et, cet homme-là, ne se contente pas de manifester lors de cortèges et de meetings contre le nucléaire ou le capitalisme ravageur ou le dérèglement climatique et puis rentre vaquer à son quotidien, croyant sa conscience tranquillisée, non !, il s’engage concrètement. C’est le moins que je puisse dire
Tiens ! Je vous lis un premier passage de son livre : « Les auteurs – entendez les théoriciens -, c’est comme les anthropologues. Ça fait semblant de s’intéresser à vous, ça vient passer un moment, puis repart chez soi faire avancer sa carrière et vous n’entendez plus parler d’eux pendant que vous restez bien dans votre merde. »
Cette déclaration, comme tant d’autres, a été glanée par Jacques Dochamps durant l’un de ses multiples contacts au cœur même de peuples racines, plus spécifiquement en Amazonie.
Donc, pas question de faire un petit tour et puis s’en va. Écoutez-donc, cette déclaration « forte » qui témoigne de l’osmose existant entre l’auteur et ses interlocuteurs : « Un problème majeur sont les barrages. Des géants qui ont englouti d’immenses territoires de chasse. Les Blancs disent qu’ils produisent de l’électricité propre, mais l’eau s’empoisonne avec les algues et le gibier devient rare. Les Blancs ont déjà beaucoup pris, mais ils ne s’arrêteront pas là. Ils veulent dépecer la forêt de toutes ses ressources. Ils veulent tout retirer. Mais le pire, ce sont les avions de chasse dans le Grand Nord ; Les militaires du monde entier viennent s’entraîner ici. L’OTAN est là, notamment. Les Européens viennent avec leurs avions, car ils n’ont plus d’espace vierge chez eux. Ils disent qu’ici les contrées sont inhabitées. Il ne reste que quelques peuples indiens qu’on a parqués dans des villages, alors ils peuvent y aller à fond. Ils font du rase-mottes avec leurs avions supersoniques. Ils frôlent la crête des arbres, ils remontent le long des rivières, ils font des acrobaties et franchissent le mur du son. On n’a pas le temps de les entendre venir qu’ils sont là et vous crèvent les tympans. Le gibier est terrorisé, les mères abandonnent leurs petits. »
Cette déclaration ne date pas du temps des colonies, mais d’il y a quelques mois. À vrai dire, il s’agit bien de colonialisme et d’un véritable génocide.
Mais comme un petit village gaulois qui résista à l’envahisseur romain, le peuple de Sarayaku, des Amérindiens, a toujours défendu son territoire. Il résiste depuis près de quatre décennies aux tentatives d’intrusion des compagnies pétrolières.
Ce peuple racine est, dans le cas présent, défendu par Jacques Dochamps et ceux qui le soutiennent.
Lire son livre « Les perruches du soleil » et regarder son documentaire « Le chant de la fleur » font littéralement partie d’une démarche de solidarité envers ces gens qui luttent pour leur survie, ne fut-ce que pour connaître le moyen d’argumenter leur défense.
Documents sonores et photos extraits de :
www.iotaproduction.be/film/le-chant-de-la-fleur
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