Bien avant le confinement imposé par la pandémie du covid-19, il était déjà question d’isolement pour certaines personnes. Ce phénomène appelé « hikikomori » se répand partout dans le monde ; ce sont des adulescents, c’est-à-dire des adolescents quasi adultes qui se cloîtrent dans leur chambre pendant des mois voire, des années. On parle alors de décrochage scolaire, de burn-out, de phobie sociale, de refus d’un « moule » que la société leur impose, de dépression, etc. Et chaque année des centaines de personnes font le choix de mettre leur vie sociale entre parenthèses.
Mais pourquoi se mettre en retrait ? Selon certaines études récentes, le fait d’être hikikomori s’apparente à une « conduite » et non à une pathologie. Et contrairement aux idées reçues, les jeux vidéo ne sont pas la cause de leur enfermement mais serait plutôt un moyen d’occuper leurs journées. En réalité, internet permet de réduire le besoin de communication avec de vraies personnes. De plus tous les services de livraison à domicile permettent ce retrait du monde réel.
La dureté du monde travail, l’intense pression scolaire, le harcèlement sur les réseaux sociaux seraient des éléments moteurs. D’autre part, certains enfants « rois », surprotégés par les parents décident de s’enfermer dans leur chambre par peur du monde extérieur. Bien qu’il soit difficile de savoir ce qui se passe dans la tête d’un « hikikomori » et de connaître la cause de cet énorme mal-être, tous vivent avec l’idée qu’ils n’ont aucune chance d’avoir une place épanouissante dans la société. C’est le rien qui prédomine, pas de préoccupation pour l’avenir, pas de projet, pas d’envie.
Problème supplémentaire, les familles mettent en général beaucoup de temps avant de demander de l’aide et souvent les adolescents cloîtrés n’ont pas conscience du caractère anormal de leur conduite. Alors, les visites à domicile d’un psychothérapeute avec l’accord de la famille sont souvent le seul moyen d’entrer en contact avec ces adolescents. Bien que les « hikikomori » finissent toujours par sortir de leur enfermement car ils finissent par ressentir un besoin de contacts avec l’extérieur, la réadaptation est délicate car il est fort complexe pour eux de s’acclimater aux règles de vie en communauté. À savoir aussi que le retrait social fonctionne un peu comme une addiction, il faut donc être vigilant aux rechutes possibles.
Se retrancher chez soi et ne plus prendre part à la société afin de se protéger des hostilités extérieures est vécu évidemment avec certaines souffrances.
Mais de en plus de jeunes adultes font un choix en conscience de vivre avec moins de biens matériels, d’être plus en contact avec la nature, d’attribuer du temps à la créativité, aux relations humaines. Moins de confort de vie et plus de qualité de vie ; une sorte de slow révolution.
Source : Elle Belgique magazine n°196
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