Dans certains pays, il existe des bibliothèques où vous pouvez ′′ emprunter ′′ une personne plutôt qu’un livre pour écouter l’histoire de sa vie.
Ce principe de bibliothèque vivante se veut être un outil qui s’inscrit dans un esprit de pluralisme, de mixité sociale et culturelle. Cet outil vise à favoriser une véritable rencontre et favorise aussi la réflexion autour de stéréotypes qui affectent trop souvent le rapport à l’autre. Le but est de promouvoir le dialogue, réduire les préjugés, casser les stéréotypes et favoriser la compréhension entre les personnes de différents âges, sexe, styles de vie, etc.
Une bibliothèque vivante fonctionne comme une bibliothèque classique. Le lecteur a accès à un catalogue de livres qui peuvent être empruntés pour une durée limitée et dans ce cas-ci les livres sont des personnes en chair et en os. Ces personnes ont été confrontées à des préjugés et elles souhaitent partager leur expérience personnelle avec le lecteur.
C’est au Danemark, en 2000, que ce projet innovant et brillant a été lancé : une bibliothèque d’êtres humains, où il est possible d’emprunter une personne pendant une demi-heure et d’écouter son histoire
En réalité l’initiative débute à Copenhague en 1993 via un groupe de jeunes en réponse à l’agression raciste subie par l’un des leurs. Convaincus que la compréhension était la pré-condition de la tolérance, les jeunes ont fondé l’association ′′ Stop The Violence « , atteignant en peu de temps 30.000 adhésions parmi les jeunes danois.
Ensuite, l’initiative s’est vite propagée ailleurs grâce à l’organisation « The Human Library ». Actuellement, l’organisation est active dans cinquante pays et certaines bibliothèques, par exemple en Corée du Sud et en Tasmanie, sont permanentes, tandis que d’autres ne sont aménagées que temporairement.
Comment cela fonctionne-t-il ?
La bibliothèque vivante se présente comme une vraie bibliothèque, avec les bibliothécaires et un catalogue de titres à choisir, la différence réside dans le fait que pour lire les livres, il ne faut pas parcourir les pages mais… nous parler parce que les livres sont des individus en chair et os ! Ces ′′ livres vivants ′′ sont ′′ empruntés ′′ pour la conversation.
Qui sont les livres vivants ?
Les livres vivants sont des personnes conscientes qu’ils appartiennent à des minorités soumises à des stéréotypes et à des préjugés. Souhaitant les écarter, ils se rendent disponibles pour discuter de leurs expériences et de leurs valeurs avec d’autres.
Les titres sont volontairement très directs, comme ′′ fille lesbienne « , « obèse » ′′ femme voilée « , ′′ émigré albanais » », « réfugié », « bipolaire » précisément pour susciter les réactions émotionnelles des lecteurs potentiels en activant leur curiosité et réflexion.
La bibliothèque vivante offre aux lecteurs la possibilité d’entrer en contact avec des personnes avec qui ils n’auraient pas l’occasion de se confronter. La rencontre rend concrète et unique la personne que l’on a devant soi, qui arrête donc d’être perçue comme représentante d’une catégorie sur la base d’une généralisation, mais est reconnue dans son unicité, une personne qui ne représente que son expérience et son histoire.
Combien de temps cela dure-t-il ?
La bibliothèque vivante – impliquant des gens en chair et en os – est un événement très limité dans le temps, généralement un ou deux jours, ou dans d’autres cas trois ou quatre jours. La conversation, c’est-à-dire lire un livre vivant, dure habituellement environ une demi-heure.
En général, cette expérience a un grand impact sur chacune des parties. En effet, en l’absence de jugement, le cœur s’ouvre et se remplit de partage, de reconnaissance, de générosité et d’humanité.
Force est de constater que le concept de la bibliothèque est une des meilleures inventions de l’humanité. Et en Égypte ancienne, les bibliothèques étaient appelées ′′ Le trésor des remèdes de l’âme ′′ parce qu’elles soignaient le pire des maux, qui, selon les anciens Égyptiens, était précisément l’ignorance.
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Article très intéressant et percutant…mais, comment avoir accès à ces » personnes parlantes ». Où faut-il s’adresser? Cela fonctionne-t-il en Brabant Wallon?