Quelle est donc cette volonté politique de vouloir imposer des mastodontes de béton en lieu et place de maisons de type « villageois » situées dans la Capitale de l’Europe ?
S’agit-il d’un retour de la tristement célèbre « bruxellisation » bien connue des urbanistes du monde entier ?
« La « bruxellisation » est un terme utilisé par les urbanistes pour désigner une ville livrée aux promoteurs immobiliers au détriment du cadre de vie de ses habitants, sous couvert d’une modernisation nécessaire », spécifie une définition à ce sujet.
L’exemple le plus célèbre est celui de la Maison du Peuple du Parti Ouvrier Belge située au cœur de Bruxelles, œuvre remarquable de Victor Horta dans le style Art nouveau.
Ce bâtiment fut irrémédiablement détruit en 1965 malgré de vives protestations internationales. Quelques éléments purent être sauvés, tels des vitraux et de la ferronnerie, mais tout le reste est parti en gravats ou a été vendu à un ferrailleur.
Le bâtiment avait été inaugure en 1899 en présence de Jean Jaurès et fut remplacé par une tour de vingt-six étages portant le nom de l’entrepreneur qui, selon des sources fiables, était de mèche avec des politiciens impliqués dans d’autres démolitions/reconstructions du même genre.
Des Comités d’habitants furent créés, certains remportèrent le combat Ainsi, sous la coordination d’un prêtre, un projet qui aurait défiguré davantage un quartier populaire intitulé « Les Marolles », fut abandonné.
Pour fêter la victoire de la « Bataille des Marolles » en 1969, une plaque commémorative fut inaugurée lors d’une fête et, je cite « de l’enterrement du promoteur, de sa fidèle épouse la bureaucratie et de leur enfant Expropriation ».
Ce rappel était nécessaire pour illustrer de nouveaux combats livrés dans la Capitale de l’Europe car, malgré d’indéniables progrès en matière de respect de l’environnement et du patrimoine édictés par la Région bruxelloise, l’un des six gouvernements belges, avec quarante-huit ministres au total, il semble que la « bruxellisation » remet le couvert dans certaines communes, cette fois au nom du modernisme et d’une prétendue approche écologique.
Un exemple concret se déroule depuis de longs mois, à Woluwe-Saint-Pierre, l’une des dix-neuf communes de la Région bruxelloise, chacune ayant ses barons locaux s’accrochant à leurs prérogatives, des maisonnettes situées dans un quartier de style « village » vont être rasées et remplacées par un immeuble que les citoyens, ébahis, ont immédiatement baptisé « immeuble-paquebot ». Ils se sont regroupés en un Collectif, dit du Chien Vert, fort de centaines de citoyens, qui a directement manifesté son opposition à pareil projet pharaonique.
Leur combat est clair et net : non à ce mastodonte et oui à sept maisons neuves tout en maintenant les jardinets et un petit parc y attenant.
Face aux tergiversations, promesses non tenues et autres tentatives de manipulation de l’opinion publique, le Collectif, par de multiples actions citoyennes pacifiques, ne cesse de clamer qu’il y aura une perte irrémédiable du caractère villageois actuel, des augmentations de la pollution sonore, atmosphérique, du flux de véhicules, et, il insiste sur une remarque qui devrait toucher de plein fouet les autorités qui, le cœur sur la main, crient leur amour de l’écologie et du bien-être citoyen : supprimer l’espace vert et les sept jardins existants est contraire à la politique de verdurisation justement prônée par elles !
Les semaines qui viennent seront cruciales dans ce combat, et, bien entendu, le Collectif espère fêter à son tour la mort d’un retour à une certaine « bruxellisation » dans son quartier villageois !
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Merci Pierre pour tes chronique qui me rassure de ta vitalité à continuer les combats humanitaires