L’auteur japonais Haruki Murakami est mondialement connu et fut considéré comme un potentiel lauréat du Prix Nobel de littérature. Mais, du roman à l’autobiographie, il a franchi le pas, si j’ose dire, avec Autoportrait de l’auteur en coureur de fond (10-18) où il explique d’emblée que pour assumer sa profession d’écrivain, il revendit son club de jazz de Tokyo, arrêta de fumer, se mit à la course à pied quotidiennement, devint marathonien et triathlète : « Écrire franchement, sur le fait de courir, c’est, je crois, également écrire sur soi-même en tant qu’homme. Voilà ce que j’ai pris conscience en cours de route. »
D’aucuns avancent que ce livre est « une méditation lumineuse sur la vie », même s’il joue les faux humbles et modestes en se disant « miteux, pitoyable, moche, fébrile, inutile dans tout ce que j’ai pu faire dans la vie… », compte et recompte celles et ceux qu’ils dépassent ou qui le doublent en course, l’œil vissé sur son chrono, il nous distille avec lyrisme et enthousiasme son expérience remarquable : « Grâce à l’expérience, on apprend à compenser ses insuffisances ».
J’ai retenu quelques passages de ce livre très important dans son immense carrière, y déclare-t-il :
- « La fierté, ou ce qui y ressemble, qu’éprouve le coureur de fond à être allé jusqu’au bout de sa course reste pour lui le critère fondamental.»
- « Une grande partie de mes techniques de romancier provient de ce que j’ai appris en courant chaque matin.»
- « Malgré la différence de niveau des uns et des autres, il y a des choses que seuls les coureurs partagent et comprennent.»
- « Si l’on doit vivre longtemps, plutôt que de traverser toutes ses années dans le brouillard, mieux vaut les passer avec des objectifs bien clairs en tête, en étant tout à fait vivant. Dans cette perspective, je crois que courir constitue une aide véritable.»
- « Je reste conscient de n’être qu’un minuscule fragment de cette gigantesque mosaïque qu’est la nature. Je ne suis rien d’autre qu’un des éléments parmi tous les phénomènes naturels interchangeables, comme l’eau de la rivière qui coule sous le pont en direction de la mer, là, où, tôt le matin, je pratique un jogging paisible. Des jeunes filles me dépassent (…) et je poursuis mon chemin à mon rythme tranquille, le long des berges… Une génération prend la place de la précédente. C’est ainsi que le monde marche. Je ne dois donc pas me sentir affecté de ce que ces jeunes filles me dépassent.»
- « Je possède une certitude : tant qu’après une course j’aurai en moi le sentiment d’avoir couru du mieux possible, je continuerai à participer à des marathons, sans me laisser abattre. Malgré mon âge, malgré les forces déclinantes.»
Musique : Michaël Mathy
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