« Nous sommes dans une époque où l’Être est oublié, une époque privée d’Être, embourbée dans les formes extérieures et le paraître. Une époque de détresse (…), déterminée par les technologies et technosciences où l’homme-animal, indigent, est envahi par les ténèbres de la nuit sans lumière au loin comme phare directeur. (Alors) Il ne s’agit pas de nier le monde, la société ou l’être humain en tant que réalité mais au contraire de les appréhender avec plus de justesse pour les rencontrer dans leur totalité avec plus d’harmonie et de bonheur (…) » écrit Alain Pozarnik dans Philosophie, méthode et pratiques initiatiques (Éd. Dervy).
Mais comment vaincre les vertiges de nos habitudes pour vivre une telle aventure ? Comment agir si nous voulons faire partie des êtres qui ont progressé en conscience et en sagesse ? se demande l’auteur. Une de ses réponses est :
« Il faut réellement, intentionnellement, oser lâcher nos repères, nos habitudes, nos convictions sans en saisir d’autres au passage (…) Juste être silencieux, ne plus écouter les vieux bruits si familiers auxquels nous nous identifions tant que nous devenons nous-même le tohu-bohu de la pensée. »
Quel chemin emprunter ? « Votre succès dépend surtout de votre sagacité à entreprendre, à vous aventurer, à devenir (…) Si nous voulons vraiment connaître la réalité du monde, il nous faudrait d’abord nous connaître… »
Autre constatation d’Alain Pozarnik digne d’une grande attention : « Le sage ne porte pas de jugement de valeur. Il sait ce qu’est le comportement des autres humains car il fait partie lui-même des mammifères. »
Et, tournant important du livre : « La vraie question à résoudre n’est donc pas celle de la place de notre ego parmi d’autres ego, mais : est-il possible de vivre dans ce monde sans que nous ressentions des oppositions, des divisions, des conflits ? »
Poser la question est y répondre, dit-on communément un peu trop facilement car, l’impressionnante somme de propos tenue par l’auteur démontre que si le choix est conséquent, faut-il encore trouver le juste milieu et, surtout,le mettre en pratique de manière adéquate.
« À savoir, explique-t-il, la seule attitude raisonnable est de nous interroger sur l’origine de nos fonctionnements, de comprendre l’horreur de leurs influences et de les abandonner dans notre silence, pour les dépasser par une autre forme de vie. »
Certes, il avoue que ce n’est pas si simple à appliquer, mais, promet-il, partir à l’assaut des stratégies qu’il propose devrait donner des résultats tangibles. À une condition, au moins : « Vous êtes en train de lire, de comprendre et d’apprendre, mais soyez en même temps en train de vivre, d’expérimenter, de ressentir, de vibrer, pas seulement de savoir. » La symbiose entre le spéculatif et l’opératif paraît être une étape essentielle dans notre orientation vers les trois concepts Sagesse, Connaissance et Vérité, socle de l’édifice de la pensée universelle qui éviterait tant de conflits, misères, drames sociaux et autres.
« Nous ne jugeons plus, ne critiquons plus, ne voulons plus rien que préserver ou laisser être notre Être, notre ‘‘soi’’ qui a pris sa place dans ‘‘l’univers’’. C’est le début d’une véritable initiation, d’une véritable sagesse, d’une véritable connaissance. »
Rencontre avec Alain Pozarnik effectuée à la Librairie-Salon de thé abao à 1170 Bruxelles.
Musique : http://www.michaelmathy.be/#music
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