« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Il y a quelques semaines, je vous avais déjà proposé une chronique sur cet extraordinaire roman de plus de 400 pages « Le miel du lion » de Matthew Neill Null paru chez Albin Michel, tant il est dense et poignant.
La poursuite et la fin de sa lecture ne me font pas changer d’avis : nous sommes en présence d’un véritable chef-d’œuvre de la littérature américaine, selon moi, tant l’histoire, basée sur des faits avérés, est forte, secoue les tripes et les consciences quand, en 1904, en Virginie, des dizaines de milliers d’hectares de forêt sont rasés par les « Loups de la forêt », bûcherons et ouvriers adjacents, ceux préposés à l’entretien du matériel, à la pose de rails pour le transport des arbres géants… pour le compte de capitalistes sans foi ni loi.
Une tentative de rébellion se met en place, un pasteur considéré comme farfelu entre en scène, des prostituées font de même, un marchand ambulant va de camp en camp proposer ses objets de pacotille et images pornos, la vie est dure, dangereuse, les gardiens sont féroces…
Comme d’habitude, plutôt que de longues présentations qui risquent de trop dévoiler l’histoire, je préfère en citer quelques phrases marquantes :
« Où donc est passé le Dieu de justice et de vertu dont on m’a tant rabattu les oreilles au catéchisme ? »
« En Amérique, tout le monde déteste quelqu’un sans même savoir qui il est. »
« Seuls les imbéciles respectaient les puissants et on constatait avec un étonnement chaque jour renouvelé combien la réserve d’imbéciles de ce monde paraissait inépuisable. »
La fin est en forme de message pour les générations futures, c’est-à-dire la nôtre, entre autres, et cela confine à une triste réalité écologique : « Tout un conté rasé, plus un arbre, plus un cervidé, plus un oiseau. Tout avait été coupé, comme on vide une cruche. C’était comme le paradis, c’était devenu comme la mort. »
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