« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Le miel du lion de Matthew Neill Null (Albin Michel) ne peut pas se résumer en une seule chronique, tant ce roman est dense, riche en événements, une véritable encyclopédie de la condition humaine et des rapports sociaux en un seul volume de plus de 400 pages.
L’auteur décrit les impitoyables conditions de travail de centaines de « Loups de la forêt », c’est-à-dire des bûcherons, mais, également, des débardeurs, scieurs, affûteurs d’outils, tronçonneurs, poseurs de voies pour acheminer par le rail hommes et arbres coupés.
Il y a aussi la vie de tous ceux qui entourent ces forçats : les commerçants, pasteurs, flics, prostituées, magasiniers…
Ce monde de plusieurs milliers de personnes détruit méthodiquement 4 000 hectares de forêts en Virginie-Occidentale au début du XXe siècle pour le compte d’une entreprise capitaliste menée, sans foi ni loi, par trois New Yorkais qui y avaient fait la guerre de Sécession. L’un d’eux, avait repéré la majesté des arbres centenaires et les affaires qu’il pouvait en tirer.
Cela donne un roman poignant, noir, révoltant, dont j’ai déjà extrait quelques passages en guise de citations :
« Mérite-t-on une terre que l’on n’a pas travaillée ? »
« La science est la magie de l’homme moderne. »
« Nul n’est lui-même tant qu’il n’a pas passé un demi-siècle sur la terre. »
« Patienter est le meilleur moyen de laisser passer une occasion. »
« S’il ne faut pas insulter les morts, il ne faut pas insulter la vérité. »
« Être l’ami de tout le monde revient à n’être celui de personne. »
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