« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Mischa Berlinski, auteur du roman Dieu ne tue personne en Haïti (Albin Michel), débute son ouvrage par une parabole créole qui, a elle seule, peut résumer la trame de son récit : « Tout faire pour s’en sortir n’est pas un péché ».
Au fil des chapitres de cette histoire d’un ancien shérif de Floride qui se retrouve en Haïti après avoir accepté un poste aux Nations unies, voici quelques phrases qui l’illustrent davantage :
« Quand on travaille dans le domaine pénal, on est convaincu que tous les hommes naissent pécheurs. »
« Notre chef d’administration était un Trinidadien, dont les barbecues dominicaux reflétaient sa vision de l’ONU en tant que fraternité humaine. Asiatiques, Africains et Occidentaux pour partager des morceaux de poulet à la jamaïcaine. »
« Sur mille personnes, l’une d’elles fera forcément quelque chose que les autres ne feront pas. »
« Comme nous le rappelle le philosophe, la seule chose absolument bonne en ce monde, est une bonne volonté. Alors pourquoi les Américains oppriment-ils autant ? »
« Le monde des riches est intime, soupçonneux, consanguin. »
« C’est la loi de la nature : s’il veut garder son os, un chien doit montrer les dents. »
Et, dans le fond, pourquoi le titre Dieu ne tue personne en Haïti ? Parce que, explique l’auteur, c’est un proverbe créole qui, métaphoriquement, signifie que personne n’y meurt de mort naturelle et que le monde s’éclaire alors d’une sorte d’affreuse logique meurtrière ! Celle de la précarité, de la violence, des gosses qui crèvent de faim… sous l’œil amorphe ou désintéressé des nantis.
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