Vivre la transition au quotidien. Trier ses déchets, éteindre ses lumières, réduire sa consommation d’eau, faire son compost, installer des toilettes sèches ou consommer localement. Toutes ces initiatives n’ont rien de révolutionnaires en soit et sont peu à peu adoptées par chacun d’entre nous. Mais si elles deviennent banales individuellement, elles peuvent devenir beaucoup plus significatives lorsqu’elles sont mises en œuvre en cohérence entre elles.
C’est cette démarche qu’adoptent petit à petit plusieurs villes de part le monde. Il s’agit pour elles d’intégrer les enjeux du changement climatique et de se préparer à l’après pétrole. C’est ce que l’on appelle les « Villes et Communautés en Transition ». Elles sont plus de 400 dans le monde et s’inspirent de l’initiative de la petite ville de Totnes, au Royaume Uni.
En 2006, un universitaire irlandais, Rob Hopkins, mène des conférences sur le pic pétrolier et sur ses conséquences sur notre environnement. Séduits par les thèses de l’enseignant, les habitants de Totnes s’interrogent sur les solutions à mettre en œuvre pour agir, maintenant. La première ville en transition voit le jour ainsi.
L’objectif des pionniers du concept est d’inciter les citoyens d’un même territoire à prendre conscience du pic pétrolier, de ses profondes conséquences, et de l’urgence de s’y préparer.
Il s’agit pour eux de mettre en place des solutions visant à réduire ses émissions de CO2 et sa consommation d’énergie fossile selon un plan d’action baptisé « Plan d’action de descente énergétique » créé par la collectivité.
Ce plan est fondé sur une vision positive de son avenir.
Autre objectif : la relocalisation de ce qui peut l’être en intensifiant les liens entre les habitants et les acteurs économiques locaux. Il s’agit enfin, pour la communauté, d’acquérir les compétences, les savoirs faire nécessaires pour mettre en œuvre leur idéal.
Il n’y a pas de réponse toute faite adaptable à tous les profils, mais une multitude de petites solutions modulables à souhait, et répondant aux caractéristiques locales. Chaque collectivité doit donc trouver par elle-même les outils convenant à ses enjeux et ses ressources.
Les initiatives de transition peuvent donc être multiples.
Le recyclage ou l’échange des objets usagers est l’une des actions qui s’inscrit dans ce cadre. L’idéal est de recycler ou de réutiliser sur place ou à proximité. Une centrale d’échange, où les particuliers déposent leurs objets et que d’autres peuvent récupérer, est une excellente alternative à la mise en décharge ou au transport lointain pour recyclage.
La production locale d’énergie est aussi envisageable. Moins dépendre du pétrole, mais aussi de réseaux électriques à longue distance qui sont fragiles et représentent une forte déperdition d’énergie, c’est aussi un moyen de valoriser les ressources locales et de créer des emplois sur place. Bois de chauffage, biomasse solaire passif, solaire photovoltaïque et éolien sont les pistes à explorer.
Multiplier les circuits courts dans les approvisionnements dans l’intérêt des acteurs économiques locaux fait partie des possibilités. Les AMAP sont à citer parmi ces circuits courts, mais on peut aussi parler de la filière bois qui a un fort potentiel énergétique et qui peut, dans certaines régions, s’inscrire dans cette filière courte.
L’auto partage, les transports en commun, les parkings à vélos, sont autant de leviers sur lesquels jouer pour inscrire sa communauté dans la transition.
Autre initiative originale que l’on peut aussi développer : la monnaie locale. Si à l’heure de l’euro et à l’économie mondialisée cette idée peut paraitre saugrenue, ces monnaies peuvent pourtant offrir un outil puissant de préservation de la richesse locale, notamment en la mettant relativement à l’abri des soubresauts de l’économie et de la finance mondiale, et en encourageant les échanges entre acteurs économiques locaux. Elles peuvent permettre de mobiliser plus facilement des compétences qui intéressent peut l’économie dominante.
Si le mouvement des villes en transition est parti de Grande Bretagne, l’idée a fait son chemin. Le concept essaime déjà au Canada, aux Etats Unis, en Australie, mais aussi, en Suisse, au Portugal ou encore en France
Trièves, un territoire rural de 300km², au sud de Grenoble, s’est inscrit dans la démarche. Tout comme Salies de Béarn, dans les Pyrénées Atlantiques, ou Sucy en Brie dans le Val de Marne. Des groupes de réflexion voient le jour aussi dans de grosses agglomérations, telles que Bordeaux ou encore Grenoble .
Pour aller plus loin :
- Territoires en transition France
- Salies de Béarn, territoire en transition
- Trièves en transition
- Transition Culture, site de Rob Hopkins (en anglais)
- Le réseau des villes de transition anglophones
- Association pour l’étude des pics de production de pétrole et de gaz naturel
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