En 1978, à Couvin, jolie ville wallonne d’une douzaine de milliers d’habitants traversée par l’Eau Noire, rivière qui lui donne un charme incomparable, située à deux ou trois kilomètres à peine de la France, non loin des sources de l’Oise et du fameux 50e Parallèle, également en terre belge, le ministre des Travaux publics projetait l’édification d’un immense barrage dans la splendide vallée, en amont de la cité. La remarquable vallée aurait donc été engloutie par cette construction.
Ce barrage démentiel devait être érigé sur un terrain inadéquat, et il fit aussitôt penser à la rupture du barrage de Malpasset, en 1959, en amont de Fréjus, qui fit 423 morts et disparus emportés par 50 millions de m³ d’eau.
Alors, les Couvinois se mobilisèrent et livrèrent une bataille homérique qui finit par emporter le… projet !
Cette action citoyenne démontra que la force d’un mouvement populaire peut vaincre les politiciens et lobbyistes associés. Ses actions étaient des chahuts, chaulages, occupations, corsos fleuris, billets de banque convertis en tracts, création de Radio Eau Noire, première radio libre de Belgique, qui émettait clandestinement depuis la forêt environnante…
Ce mouvement composé de fermiers, ouvriers, fonctionnaires, commerçants, hommes, femmes, jeunes, personnes âgées, tous au-delà de leurs éventuelles convictions politiques, religieuses, idéologiques, toutes classes sociales et culturelles confondues, luttèrent durant neuf mois.
« Une lutte inventive, humoristique et furieusement déterminée, mais surtout non violente », comme le rappelle un documentaire diffusé quarante ans plus tard sur ARTE (29 avril 2018, 18h), visible sur Youtube, et thème d’une chronique dans le « SoirMag » (8 août 2018).
Podcast: Download