jeudi, décembre 26, 2024

Nocturne pour Stanislas d’Annie Degroote (Presses de la Cité)

« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.

 Natif d’une petite cité ardennaise où Guillaume Apollinaire vécut ses premières expériences amoureuses avec une jeune fille du bourg, la citation de l’illustre poète qui débute le roman « Nocturne pour Stanislas » d’Annie Degroote, auteure majeure aux « Presses de la Cité », fut une sorte de prélude à son récit empreint d’une grande sensibilité sur fond de saga familiale, d’exil et de rapports tourmentés :

« Les masques sont silencieux

Et la musique est si lointaine

Qu’elle semble venir des cieux… »

Hania, née en 1978, une passionnée de dessin de mode, c’est Anne-Sophie Koslowski, une Française de Douai aux origines polonaises. De famille ouvrière, brillante étudiante, une mère dépressive, un père passif ou désabusé, mais une grand-mère, Wanda, qui est un véritable trésor ne souhaitant que le bonheur de sa petite-fille.

C’est cette personne âgée, sage, apaisante, joyeuse et tendre, aux yeux emplis d’amour, des yeux qui, pourtant avaient côtoyé les ténèbres, lui avais dit : « Tu as besoin de vivre hors du cercle familial, de suivre ta voie, ton destin, tu as l’âme d’une artiste… »

Cette fameuse âme slave se retrouva à Lille et, un soir, elle fut invitée à écouter du Chopin chez une certaine Wilhelmine Berriez, veuve septuagénaire, habitante d’une vaste maison appelée le « Château ».

Quand Michal, le pianiste, interpréta Chopin, Hania se rappela les paroles de sa grand-mère : « Les anges existent, ils nous parlent par la musique ».

Annie Degroote.

Alors, durant plus de 300 pages, Annie Degroote emmène le lecteur à découvrir le grand-père Stanislas, partie intégrante, ô combien marquante, des origines de Hania.

La sépulture de Chopin au Père-²Lachaise est toujours fleurie depuis des décennies… (Photo Guelff).

Ce livre est absolument superbe, à l’instar d’une nocturne de Chopin et, comment ne pas accueillir avec bienveillance les propos de Wilhelmine qui déclare à Hania : « Du haut de mes 73 ans, avec mes modestes moyens, je tente de lutter contre ces frontières que sont les barrières sociales. À nous d’abolir aussi celle de l’âge… c’est déjà assez désolant de vieillir, non ? Que l’on ne vienne pas me dire le contraire ! J’aime unir jeunes et aînés, sans cette frontière absurde et invalidante. Ce sont de très jeunes musiciens, Chopin, Mozart et les autres… qui ont réuni les peuples, toutes générations confondues. La spiritualité, la culture, l’art transcendent les frontières. »

Mais, au fond, pourquoi Wilhelmine tenait-elle tant à chaperonner Hania ?

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