Dans le vaste débat sociétal au sujet de l’égalité entre les hommes et les femmes, ces dernières ont eu bien du mal à être admises dans différentes sociétés philosophiques, alors que, autres exemples significatifs, elles ne peuvent pas espérer une place dans la hiérarchie de l’Église catholique romaine, et, au niveau de l’emploi, les statistiques sont claires : à travail et compétences égaux, les femmes perçoivent un salaire moindre que les hommes. Au moins 20%, selon de récentes sources.
Si, dans un lointain passé, réel ou légendaire, certaines femme tenaient un rôle majeur (prophétesses et oracles en Grèce antique, le Christ ressuscité serait réapparu en premier lieu à Marie de Magdala…), depuis le Haut Moyen Âge elle a dû subir le régime patriarcal.
Même au sein d’une institution initiatique séculaire comme la Franc-Maçonnerie et ses nobles préceptes de liberté, d’égalité et de fraternité, la femme était refoulée.
Néanmoins, petit à petit, grâce à des luttes incessantes, les choses évoluent.
C’est certainement à cela que pensèrent les organisateurs de la remarquable exposition « Les Femmes frappent à la porte du Temple » qui se tient jusqu’au 14 avril 2018 au Musée belge de la Franc-Maçonnerie[1].
Laetitia Carlier, conservatrice dudit musée et commissaire de l’exposition, y explique que « la femme a donc dû attendre longtemps que la société l’accepte comme personne à part entière dans la vie active et avant que la maçonnerie ne s’ouvre à elle et lui laisse la possibilité de trouver sa place au sein de cette communauté de pensée. Que ce soit par le biais de la franc-maçonnerie mixte ou uniquement féminine – choix fait selon la sensibilité et les attentes de chacune – la femme en maçonnerie est une histoire récente, mais néanmoins en pleine expansion »[2].
Des documents historiques, bijoux, ornements, symboles, représentations iconographiques…, spécifiques aux Loges féminines y sont exposés et proviennent d’une cinquantaine de loges, dont la preuve d’une réelle solidarité de la part de franc-maçonnes françaises lors de la constitution d’une loge féminine belge, alors que cela relevait encore d’une démarche très mal vue comme l’indiquait ce titre du quotidien catholique « La Libre Belgique » du 25 avril 1929 : « Les femmes dans la franc-maçonnerie : comment elles ont forcé (sic) les portes de la Maçonnerie belge ».
J’ai aussi relevé ces mots sur la Charte de Constitution de « L’Épi » (en 1978) à Charleroi : « Par la constance, elles sont unies », vu le portrait d’Élisabeth St Léger ou Lady Aldworth dite « The lady free-mason » (photo ci-contre), considérée comme la première femme à avoir été initiée. Son appartenance à la Franc-Maçonnerie apparaît même sur sa tombe dans l’ancienne cathédrale anglicane irlandaise Saint-Finbarr de Cork : « Initiée à la franc-maçonnerie dans la Loge n°44 de Doneraile Court… »…
Assurément, le but de cette exposition ne fait que corroborer une déclaration du généticien Albert Jacquard : « La fraternité a pour résultat de diminuer les inégalités tout en préservant ce qui est précieux dans la différence. »
Mais, comme le démontre implicitement « Les Femmes frappent à la porte du Temple », il reste encore beaucoup de pain sur la planche.
[1] 73 rue de Laeken, 1000 Bruxelles. www.mbfm.be
[2] Conclusion du catalogue de l’exposition
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