lundi, novembre 25, 2024

Un steak à la place du missel !

Elle vit dans le tri des médocs. Par kilos elle en avale. Buffets, placards, de pleines étagères, à ras bord. Il n’y a guère que les plaques de rue, le nom des gens sur les plaques, pour l’éloigner de son pilulier.

Elle, c’est Inès, la grand-mère nourricière, la dame de cœur du narrateur qui consigne tout dans un carnet. Et cela donne le roman Si je sors, je me perds de Jean-Claude Renard édité à l’Iconoclaste.

Inès me fait un peu penser à la vieille dame de Jean-Jacques Goldman qui nourrit les oiseaux sur son balcon dans La vie par procuration, sauf qu’elle a un petit-fils qui la questionne et qu’elle lui répond abondamment.

Il lui fait raconter son existence, passablement mouvementée, avant que tout ne bascule, dit-il. C’est-à-dire que sa grand-mère ne perde la mémoire à tout jamais.

T’arrête pas ! lui répète-t-il sans cesse. Et tant pis pour le désordre. On verra bien.

Inès, c’est son héroïne et il la ménage au point de lui lire les effets indésirables des notices de médicaments, mais il choisit les paragraphes pour ne pas la perturber. Elle n’est pas dupe et si elle pouvait encore lire, elle ne lirait pas la même que son petit-fils !

Alors, il lui reste à raconter ses histoires, d’autres qui s’ajoutent, qui vont, déboulent, repartent ailleurs, quelque part dans un coin de sa tête.

Et, durant 185 pages, l’auteur raconte l’émouvante histoire d’une mémoire en fuite. Un récit souvent primesautier, parfois touchant et interpellant.

Ainsi, quand, à la messe, elle trouve dans son sac à main son steak du repas de midi bien emballé à la place du missel, eh bien, elle ne fit ni une ni deux, elle rentra dare-dare à la maison et fit cuire le bout de viande pour le déguster.

Le ventre l’avait emporté sur le Saint-Esprit !

 

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