lundi, novembre 25, 2024

Les Chemins de garance et Le châle rouge d’Angéline de Françoise Bourdon (Les Presses de la Cité)  

 

Voici quelque 350 pages qui raviront les amoureux de la littérature de terroir, voire de nouvelles. Effectivement, les Presses de la Cité ont eu l’excellente initiative de rééditer le roman Les Chemins de garance, mais suivi d’une nouvelle Le châle rouge d’Angéline qui, de la sorte, apporte une suite au roman et, assurément, un plus à cet ouvrage de Françoise Bourdon, auteure à succès dont il a déjà été question en cette chronique.

Les Chemins de garance, tout d’abord. Début du XIXe siècle, du côté du Mont Ventoux, d’Avignon, de Carpentras. La très jeune Camille vivait au mas de la Buissonne où son grand-père Augustin Vidal, fortuné et pingre, lui faisait subir mille tourments. Sa petite-fille, orpheline de père et de mère (?), subissait et s’arc-boutait à sa passion pour cette plante. Elle chercha à savoir ce qui était arrivé à ses parents et pourquoi son grand-père lui vouait une haine féroce en l’insultant de bâtarde. Un vieil ami de la famille lui avait confié : Dans la vie, petite, on se bat de la naissance à la mort, mais il faut composer avec le destin. Elle tomba follement amoureuse de Félix, fils de bonne famille mais qui était un pleutre au point qu’il acceptait les remontrances de son père : L’amour et le mariage ne font pas souvent bon ménage.

L’auteure précise : Leurs mains s’étaient frôlées. L’espace d’un instant, Camille avait observé le contraste frappant entre ses doigts hâlés et les longues mains blanches de Félix. Toute la différence était là, avait-elle songé, le coeur lourd.

Le temps passa et Camille rencontra Fabien, fils d’un industriel. L’un et l’autre n’avaient pas perdu leurs idéaux de jeunesse et ils n’étaient pas du tout considérés comme des bourgeois, mais comme des travailleurs ayant gravi les échelons. Félix se maria avec Hortense, Camille avec Fabien… et les deux couples eurent des enfants dont certains poursuivirent cette profonde saga malgré les balles tirées par les sbires de Louis Napoléon sur les vrais républicains…

Dans ce roman, Françoise Bourdon a pu allier de manière poignante des faits historiques aux notions de terroir dans une région, le Comtat Venaissin, qui n’en manquaient pas.

Le châle rouge d’Angéline, ensuite. Garance, déprimée, séparée de son mari qui l’avait rejetée alors qu’elle souffrait d’un cancer au sein, rendit visite à Apolline, 80 ans, la cheville ouvrière et l’âme depuis des décennies à la Buissonne, le mas familial.

Garance venait y recharger ses accus et trouver le clame intérieur, tout en questionnant Apolline qui était la véritable mémoire encore vivante de la saga racontée dans le roman. Elle revenait aux racines de son existence, en somme. Ah ! Ces beignets d’acacia, la table de bois patiné de la cuisine, le marché de Carpentras, les tonnes de poudre de garance et les choses de la vie racontées par l’octogénaire…

De quoi voir se profiler une nouvelle existence pour la jeune femme !

 

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