Peu avant que l’Europe, à une faible majorité, dise oui à la prolongation du glyphosate pour cinq ans, grâce aux lobbys Monsato-Bayer, n’en doutons pas, et que, en réaction, le ministre fédéral belge de l’Agriculture proposait son interdiction aux particuliers dès 2018, Riccardo Petrella, politologue et économiste italien, avait accordé une très importante interview au magazine « POUR »[1], qui a autorisé « Fréquence Terre-RFI » à en reproduire quelques extraits dans le cadre d’un partenariat entre médias qui œuvrent au nom d’une presse libre et indépendante.
Riccardo Petrella a fondé le Comité international pour un contrat mondial de l’eau qui pose comme principe que l’eau est un bien commun et que le droit à l’eau est un droit inaliénable, individuel et collectif.
Plutôt que de longs discours, voici sa réponse à la question de « POUR » concernant la mobilisation citoyenne face à la destruction de la planète :
« Une des caractéristiques fondamentales du vivre-ensemble à l’heure actuelle, c’est que les groupes sociaux dominants ne veulent pas vivre ensemble. Pourquoi ? C’est parce qu’ils ont désormais adopté une conception de la vie fondée structurellement sur l’inégalité entre les êtres humains. Ils ont jeté aux orties la Déclaration universelle des droits humains. Ils n’y croient pas. Ils n’y croient plus. Ils pensent que les gens sont inégaux, naissent inégaux, restent inégaux. Et si nous naissons inégaux, nous sommes destinés à mourir inégaux.
Et cette idée est inscrite presque dans l’âme des groupes sociaux dominants, qui ont comme pensée que la valeur de toute chose, y compris des êtres humains, dépend de sa contribution à la création de richesses pour le capital investi. Si quelqu’un ne contribue pas à créer de la richesse pour le capital investi, il ne vaut rien. Rien du tout. Nous sommes tous désormais des terminaux de production… Et c’est dans ce contexte, donc, que les inégalités explosent…»
Alors, indignons- nous ?
« Cela ne suffit pas, je dis : « Habitants de la Terre, debout ! » Les dominants actuels n’ont pas de légitimité de pouvoir. Ils sont en train de détruire la vie sur la planète, ils sont en train d’augmenter les inégalités entre les gens, et ils sont en train de réduire la valeur immense de la vie dans sa multiplicité, à un seul mot : rentable ».
Cela, c’est un crime. Nous sommes aujourd’hui en droit de prétendre que nous devons enlever le droit de gouverner la planète à tout cet ensemble de prédateurs qui sont, à partir des marchés financiers, les opérateurs qui transforment tout en produits rentables. Ils n’ont pas le droit. Révoltons-nous ! »
C’est un tout petit peu ce que vient de faire le ministre belge de l’Agriculture en demandant l’interdiction du glyphosate aux particuliers. Un tout petit peu, car, en attendant, ce poison mortel continuera ses œuvres de destruction dans les champs durant un lustre…
[1] « POUR » N°3, Michel Gevers et Jean-Claude Garot, journalistes, novembre, décembre 2017 et janvier 2018 www.pour.press
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