lundi, novembre 25, 2024

Une société pacifiée est-elle encore possible ?

Pierre Guelff, journaliste, auteur et chroniqueur, a publié un essai aux Éditions Jourdan « Rencontres fraternelles avec Matthieu Ricard et le Dalaï-Lama ».

L’intérêt de cet ouvrage est de découvrir deux philosophies qui, à première vue, semblent aux antipodes, et, pourtant, elles se rejoignent pour proposer une société pacifiée et respectueuse de l’être et de l’environnement.

Tout d’abord, l’auteur présente les raisons qui l’ont poussé à écrire cet essai.

  • J’ai la faiblesse de croire que dans la société actuelle où la peur et le rejet de l’autre dominent, où les conflits guerriers restent par trop nombreux, où la violence au quotidien s’érige dans les habitudes au point que les autorités, impuissantes à la juguler, nous demandent de vivre avec l’idée d’un potentiel acte terroriste ou une agression en rue, dans le métro, à la poste, à la terrasse d’un bistrot, au stade…, l’hypothèse d’une société basée sur les préceptes de la Franc-Maçonnerie et du Bouddhisme était à envisager en urgence, et de l’exposer, comme j’ai tenté de le faire dans mon ouvrage.
Rencontre du Dalaï-Lama et de Pierre Guelff.
  • Pourquoi la Franc-Maçonnerie et le Bouddhisme ?

– Parce que ce sont deux philosophies non dogmatiques. C’est essentiel comme postulat et, en définitive, un double exemple concret de solution pour une humanité en péril. Ce qui me désole dans ce contexte, d’où certaines parties de mon ouvrage, c’est l’amalgame fait entre Franc-Maçonnerie et « complotisme », Bouddhisme et drames humains en Birmanie, par exemple.

Sans nier des dérives fâcheuses, comme dans toute société humaine, j’ai la conviction que les préceptes prônés par la Franc-Maçonnerie depuis des siècles continueront de traverser le temps et l’espace, comme l’explique l’auteur Philippe du Bouleau : « La Franc-Maçonnerie est un courant d’idées que l’on peut appeler « humaniste » parce qu’il prend l’homme et le bonheur de tous comme une fin en soi et la tolérance comme premier moyen de perfectionnement individuel ». Quant aux actions violentes de certains bouddhistes relevées ces derniers temps, elles vont à l’encontre de tout ce que j’ai entendu et lu du Dalaï-Lama et de Matthieu Ricard qui ne cessent de clamer la compassion et la non-violence.

Interview de Matthieu Ricard, dont « Fréquence Terre » fit écho.
  • Comment expliquer ces actions ?
  • Je relis les « Carnets » d’Albert Camus écrits de 1935 à sa mort, en 1960, et y ai trouvé une explication : « Le Bouddha prêcha une sagesse sans dieux et quelques siècles plus tard on le met sur un autel. » Mon livre n’a aucune vocation philosophique ou religieuse, mais il se veut le reflet de préceptes qui sont semblables, voire similaires, d’où la nécessité, pour moi, d’approfondir cette voie-là et de l’exposer. D’ailleurs, le Bouddhisme est de plus en plus analysé dans les loges et il y a mêmes des Sœurs ou des Frères y appartenant ou fréquentant, par exemple, une fraternelle les réunissant.
Philippe Liénard, auteur et Haut Grade en Maçonnerie, interviewé par Pierre Guelff.
L’un des récents ouvrages de Philippe Liénard a défrayé la chronique et suscité maints dialogues.

Philippe Liénard, Haut Grade en Maçonnerie, qui a écrit la remarquable préface de mon essai, précise : « Il me plaît de rappeler que ni l’une ni l’autre de ces mouvances ne sont des sectes, des religions ou des mouvements politiques. L’une et l’autre sont ouvertes, respectueuses, pacifiques et privilégient la liberté de pensée au « prêt-à-penser », dans un souci bienveillant d’épanouissement des êtres… » 

  • Pouvez-vous nous citer quelques similitudes que vous avez relevées entre ces deux philosophies non dogmatiques ?
  • Une précision avant de vous proposer des similitudes entre Franc-Maçonnerie et Bouddhisme : le terme « fraternelles » du titre de mon essai est à comprendre dans le sens de contacts professionnels effectués avec un esprit d’ouverture et de quête, et pas du tout de relations privilégiées avec le Dalaï-Lama ou Matthieu Ricard, quand bien même je mesure l’importance de les avoir rencontrés.
  • J’en viens à trois ou quatre citations maçonniques comparées à quelques-unes que j’ai enregistrées lors de mes rencontres avec le Dalaï-Lama. Ceci me paraît assez explicite pour corroborer l’hypothèse qui fait l’objet de mon essai.

    Préceptes maçonniques : « Ne fais point le mal, fais le bien. », « Réjouis-toi dans la justice ; courrouce-toi contre l’injustice… », « Pense que pour bien juger les hommes, il faut sonder les cœurs et scruter les intentions. » et « Obéis toujours à la raison. »

    Paroles du Dalaï-Lama : « La compassion n’est pas de l’indifférence, c’est s’engager au bien de tous les êtres. », « Face à la souffrance (des violences, guerres, différences majeures entre les riches et les pauvres…), il faut un changement qui ait un effet sur la société grâce à une collaboration entre le pouvoir et la bienveillance. », « Il faut aller au fond de nous, reconnaître que nous sommes des êtres humains identiques aux autres, se dire que l’humanité est commune et que l’on peut agir dans le monde si on s’ouvre à tous. » enfin « Fonder son chemin spirituel sur la raison me paraît aussi un bon cheminement. »

     

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