samedi, novembre 23, 2024

Face à Veolia, France Libertés ne se taira pas

France Libertés et la Coordination Eau Ile-de-France lancent une campagne de financement participatif, pour se défendre contre Veolia.

Le géant de la distribution de l’eau a porté plainte pour diffamation contre la Fondation France Libertés et la Coordination Eau Ile-de-France. En cause, les multiples condamnations de Veolia pour coupures d’eau illégales. Mais malgré ces plaintes, France Libertés n’a pas l’intention de se taire.

Sur quoi portent ces plaintes de Veolia à votre encontre ?

« Depuis plusieurs mois, Veolia nous faisait comprendre par courrier qu’ils souhaitaient, qu’on retire, de notre site internet notamment, toutes les informations où l’on dit qu’ils ont des pratiques illégales. Pour ne pas envenimer les choses, à chaque courrier, on retirait les éléments d’informations concernés, pour voie de pacification. Mais en aucun cas on ne voulait arrêter de communiquer sur ces pratiques illégales, puisqu’il y en a toujours.

Donc Veolia a fait le choix de porter plainte contre nous, non pas sur quelque chose d’inadmissible, mais sur plein de petites choses. Il y a quatre plaintes qui ont été déposées conter nous pour des faits relativement similaires. Cela permet de multiplier les procédures, donc de multiplier les frais. Donc on considère que ce sont clairement des poursuites « bâillons ». Veolia, plutôt que d’arrêter ses pratiques illégales, préfère mettre son énergie à nous empêcher de communiquer dessus. C’est pour cela que nous lançons cette campagne de crowdfunding, à la fois pour faire connaitre cette situation et faire savoir qu’on ne se taira pas. Et on invite ceux qui nous soutiennent à verser, même une petite somme, pour nous aider à couvrir les frais d’avocat.

Ce qui caractérise ce genre de procédure, c’est que c’est du pénal. On s’attaque aux personnes et pas aux institutions. Cela coute relativement cher en frais de justice. L’argent que l’on a pour aider les victimes des coupures illégales, on va être obliger d’en mettre pour nous défendre, nous même, contre les attaques de Veolia. C’est pour cela que nous appelons à l’aide. Cela nous permettra aussi d’aider plus de victimes. »

© France Libertés

Ces plaintes en diffamation interviennent alors que les coupures d’eau continuent, d’où votre volonté de ne pas vous taire ?

« On vient de reposer deux plaintes contre Veolia, l’une à Toulon, l’autre à Nanterre, qui vont être jugées courant mars, pour des coupures d’eau et des réductions de débit illégales. C’est un petit peu comme si Veolia se refusait à appliquer la loi et essayait de nous empêcher de parler. C’est pour cela que l’on a appelé la campagne « on ne se taira pas ». En aucun cas, les attaques de Veolia ne nous font peur. Mais c’est clair qu’on a besoin d’aide pour être en mesure pour continuer le combat et faire en sorte que les victimes qui témoignent sur notre site tous les jours, puissent être aidées au cas par cas. On espère que cette campagne permettra à Veolia de se rendre compte que l’énergie qu’ils doivent mettre, c’est d’arrêter ces pratiques illégales. »

Les autres acteurs de l’eau semblent avoir cessé leurs pratiques. Il y a des  différences de stratégie entre les entreprises de l’eau ?

« La vraie différence de stratégie, on l’a vu chez Suez. Dès la première condamnation que l’on a obtenue ils ont Immédiatement convoqué le service client. Ils ont réorganisé le processus. Ils ont fait en sorte d’accorder des délais de paiement systématique. Ils ont vraiment mis en place une stratégie pour retrouver du lien entre leur service client et les usagers du service public qui leur sont confiés. Alors que chez Veolia, c’est l’inverse. On les a vu s’arque-bouter contre nous en partant du principe que c’était de notre faute. Alors que nous ne faisons qu’aider les personnes qui viennent vers nous. A partir du moment où on n’a plus de cas qui viennent de chez Suez, on n’a plus de problème avec Suez. Le jour où l’on n’aura plus de témoignages qui viendront de chez Veolia, on n’aura plus de problème avec Veolia. On ne comprend pas leur stratégie. On a quasiment l’impression que Veolia prend cela de manière très personnelle. Au lieu de regarder leurs pratiques, ils ont plutôt décider de nous considérer comme les méchants associatifs qui empêchent les multinationales de fonctionner. Cette attaque en diffamation est le symptôme d’une réussite pour nous. Cela montre que la campagne que l’on mène pour mettre un terme aux coupures illégales fonctionne. Mais cette stratégie de Veolia est d’un autre âge. Il n’est d’ailleurs pas exclu que la Fondation travaille à proposer un texte législatif pour empêcher les multinationales de mener ce type de plaintes baillons, qui n’ont d’autre ambition que d’empêcher les associations de parler. On n’est pas les seules à subir ce genre d’attaques. C’est une pratique très répandue au Canada. Le parlement canadien a voté une loi pour empêcher ces plaintes baillons. On aura de la matière, à partir de ce qui s’est fait au Canada pour faire une proposition en France sur ce sujet. »

Quel est l’objectif en termes de collecte pour cette campagne de financement participatif ?

« Les frais d’avocat qui sont liés à la plainte en diffamation, on est obligé de les payer. C’est pour cela que l’on a lancé un crowdfunding à hauteur de 15 000 euros. Si jamais cela marche bien, et si on récupérait plus de 15 000 euros, cela nous aiderait à porter d’autres cas en justice de personnes victimes des pratiques illégales de Veolia, pour que les choses rentrent dans l’ordre. Si on pouvait transformer cette attaque en un plaidoyer pour que Veolia respecte le droit et qu’il y ait plus de moyens pour aider les familles victimes de ces pratiques illégales, ce serait une réussite. »

Pour aller plus loin :

 

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=B5io2D5V0gA]

 

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