Hormis les écolosceptiques et lobbyistes de multinationales (style Monsanto-Bayer), ceux-là même qui bénéficient de pouvoirs financiers et politiques gigantesques, l’écologie, concept de fraternité universelle, consciente des enjeux planétaires pour protéger et sauvegarder ce qui peut encore l’être sur le plan climatique mais, aussi, dans le cadre du vivre-ensemble de manière harmonieuse, ce concept, donc, est-il dépassé ? Suranné ? A-t-il encore un sens, quand on constate qu’à côté de maigres avancées « écologiques », la machine capitaliste écrase tout sur son passage, sans la moindre vergogne ?
Ce n’est pas le nouveau président des USA qui me démentira, ni certains – de plus en plus nombreux, d’ailleurs – industriels, politiques, économistes… repliés dans leurs frontières et sourds à la moindre parcelle d’humanité qui me contrediront non plus.
Alors ? L’écologie – sous toutes ces formes –, qui marqua les esprits il y a deux ou trois décennies, est-elle vouée à être bâillonnée ?
Exemple parmi d’autres, il me revient à l’esprit avec une certaine nostalgie le combat mené aux côtés des habitants du Larzac pour sauver leurs terres contre la toute puissante armée française. Grâce à une incessante lutte, principalement pacifiste et pédagogique, le Larzac vit encore et le gouvernement plia face à la volonté populaire.
Aujourd’hui, on apprend qu’à l’Europe, le Comité devant décider de l’avenir de l’exploitation du gaz de schiste, est composé, en majorité, de personnes impliquées dans l’extraction et la commercialisation dudit gaz de schiste, que le gouvernement belge va distribuer des pilules d’iode sur tout le territoire « en cas d’urgence nucléaire », mais il ne bouge pas d’un pouce quand des experts lui annoncent, avec urgence et une crainte légitime, que des fissures sont décelées depuis des mois sur des centrales nucléaires, que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes situé dans une zone naturelle de haut intérêt écologique, n’émeut guère une grande partie de la classe politique, surtout préoccupée par ses intérêts électoraux, et ainsi de suite.
Alors ? L’écologie, la vraie, est-elle oui ou non morte dans ses principes généreux ?
Heureusement, à défaut d’une structure politique mondiale de protection et de sauvegarde de la planète, il y a des milliers d’initiatives citoyennes nées d’une prise de conscience qui, généralement, ne touche même pas des « décideurs » davantage soucieux de politiques de compromis et de copinage.
Ces initiatives relèvent de l‘ « homme nouveau », comme le définissait dans les années ’70, René Dumont, ingénieur agronome, sociologue, écologiste et « lanceur d’alerte » de la première heure, « une utopie qui est quand même relativement rationnelle ». Des initiatives citoyennes qui s’articulent autour de jardins communautaires, d’opérations de nettoyage de la nature souillée, des campagnes de sensibilisation au recyclage, de potagers biologiques, de jardins d’herbes aromatiques, de retour à l’artisanat, de protection des patrimoines naturels et humains, de la botanique des rues, des cours d’eau, de l’air, de la petite flore, des noisetiers, des papillons, des libellules, des abeilles, du (re)développement des produits naturels, de l’énergie verte, de la réduction des consommations d’eau , d’électricité…, mais, aussi, de la désobéissance écocitoyenne, comme celle développée en Algérie pour protéger la biodiversité marine, etc.
Bien sûr, les pouvoirs et leurs acolytes des multinationales tentent par tous les moyens d’enrayer ce phénomène quasiment universel, par le déni, la manipulation, la désinformation, voire la force, s’il le faut !
« La société changera quand la morale et l’éthique investiront notre réflexion », préconise Pierre Rabhi, paysan et pionnier de l’agriculture écologique.
C’est, bien entendu, la motivation essentielle de la présente chronique et la raison d’être de « Fréquence Terre ».
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