Endroits et histoires magiques
Aujourd’hui, l’heure est venue d’emboîter le pas d’auteurs « locaux », de rassembler ce qui était épars, de (re)donner aux Ardennes leurs lettres de noblesse, de consulter à nouveau les pages des légendes et des traditions typiques de ces contrées merveilleuses afin de préparer au mieux des promenades et des séjours sur place. Et, surtout, d’y goûter ! (*)
À une douzaine de kilomètres de Charleville-Mézières, à Ham-les-Bois, il se disait qu’au « Trou-du-Diable », un château aurait été habité par les frères Aymon, qu’ils y allumaient d’immenses feux au sommet de la plus haute tour afin de communiquer avec leur château de Vireux-Molhain.
Ce village, à la pointe des Ardennes, non loin de Givet, est dominé par le Mont Vireux et a été occupé dès le Ier siècle grâce à un centre métallurgique. Le site était protégé par les fortifications élevées au Mont. Cependant, un incendie ravagea le château au XIVe siècle (voir ci-après).
La Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Ermel est très ancienne, sa crypte date du VIIIe siècle et on y vénérait avec ferveur les reliques de saint Ermel.
Elle avait été fondée en 752 par Dame Ada, protégée de Pépin le Bref, dont la dépouille avait été ensevelie sous l’église primitive.
Exemple de crypte pré-romane et d’architecture carolingienne, ce lieu sacré mérite la visite (dalles funéraires, statues du XVIe siècle, retable du XVIIe siècle…).
« La plus ancienne pierre tombale est celle d’Allard de Chimay (fin du XIIe siècle). Pillée par des troupes protestantes au XVIe siècle, la collégiale conserve néanmoins une riche collection de statues de bois, polychromes.
Le décor intérieur a été entièrement remodelé en 1762-63 masquant la période gothique. Des parties romanes subsistent ainsi qu’une crypte carolingienne. Le Collège de onze chanoines a été dissout en 1790. »
Pourquoi Pépin le « Bref » ?
Pépin le Bref était roi des Francs et l’époux de « Berthe au grand pied » (elle avait un pied plus grand que l’autre).
Pourquoi « le Bref » ? Parce qu’il était petit de taille, dit la légende. Il fut d’abord inhumé devant l’entrée de la future Basilique Saint-Denis, près de Paris, en signe d’humilité avant d’être ramené à l’intérieur, au XIIIe siècle, avec la reine Berthe. Leurs gisants sont de pures merveilles
Pépin le Bref.
Tout ceci précisé, les feux allumés au « Trou-du-Diable » devaient ressembler à de puissants phares des côtes bretonnes car la distance séparant les deux châteaux est quand même de trente-cinq kilomètres à vol d’oiseau, par monts et par vaux…
Naissance d’un royaume
Pourquoi « Vireux » ? Parce que référence est faite au cours d’eau Viroin qui se jette dans la Meuse en cet endroit.
À vrai dire, il y a deux Vireux. Ce sont des villes jumelles, Vireux-Molhain se situe sur la rive gauche de la Meuse, Vireux-Wallerand sur la rive droite. Le tout est dominé par le Mont Vireux.
« Il est considéré par les archéologues et les historiens comme un site exceptionnel par la qualité des renseignements qu’il fournit sur le bas empire romain, à la période charnière entre l’Antiquité tardive et le Haut Moyen Âge.
Divers murs d’enceinte des habitats, ainsi que les bâtiments religieux de l’éperon nord, ont été dégagés et montrent une occupation de la fin du IIIe siècle au début du XIVe siècle.
Les pièces de monnaie, les équipements militaires et les restes divers exhumés lors des fouilles ont facilité la reconstitution des phases importantes dans l’occupation du site, dont la forteresse de Vireux a été le théâtre.
Jusqu’au début du IVe siècle, celle-ci est un élément du système défensif de l’empire mis en place par Dioclétien (245-313, empereur romain), et sert aussi de refuge pour la population.
Après une période de calme, elle sera incendiée sous Constant (320-350, empereur romain) en 342, puis occupée de façon moins importante jusqu’en 380. Elle accueillera ensuite une forte garnison d’origine franque jusqu’en 450. La découverte d’objets du IVe au IXe siècle indique une occupation mérovingienne et carolingienne.
Aux XIIIe et XIVe siècles, la forteresse sera transformée en château avec son village fortifié par l’édification d’une grande enceinte maçonnée avec les habitats qui lui sont accolés.
Sur l’éperon nord, les fouilles ont permis de mettre au jour plusieurs édifices à vocation culturelle, ainsi qu’un cimetière entourant un édifice de plan rectangulaire qui peut être considéré comme une chapelle. Des pierres romaines en réemploi dans la maçonnerie, un segment de colonne en pierre calcaire de Givet, ainsi que des trous de poteaux de forme rectangulaire nous laissent à penser aux bases d’une colonne dédiée à Jupiter.
Cet éperon nord offre une chronologie longue de la fin du IIIe siècle au XIe siècle. »
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