La 22ème conférence des parties de l’ONU sur les changements climatiques, la Cop22, s’ouvre cette semaine à Marrakech. Du 7 au 18 novembre, la conférence ouvre une nouvelle page des négociations climatiques internationales entamées l’an dernier à Paris. L’accord de Paris est d’ailleurs entré officiellement en vigueur le vendredi 4 novembre.
Il fallait que 55 pays représentant 55% des émissions de gaz à effet de serre ratifient le texte signé lors de la Cop21 pour que l’accord soit actif. Au final, le 4 novembre, sur les 193 pays signataires l’an dernier, 97 pays représentant 69,21% des émissions ont ratifié l’accord. Un succès rapide, mais qui ne veut pas dire pour autant que tout est gagné. Loin de là. C’est au tour de la Cop22 de préciser maintenant « les règles de mise en œuvre de l’accord de Paris et de se mettre d’accord sur la date de finalisation de ces règles communes », comme le précise Laurence Tubiana, l’ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique pour la France. Un point d’étape de l’accord climat était initialement fixé à 2020. Mais puisque les ratifications sont intervenues plus vite qu’espéré, de nombreux Etats demandent à ce que ce point d’étape soit avancé à 2018.
D’autant que depuis un an, l’urgence climatique s’est accélérée encore un peu plus. En 2016, la hausse des températures a été continue. La planète devrait battre cette année son troisième record consécutif de chaleur. L’ancien président du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Robert Watson, souligne d’ailleurs que le réchauffement se produit beaucoup plus vite que prévu. La Cop22 va donc devoir passer du constat à l’action avec des objectifs et des moyens chiffrés. Chaque pays engagé dans ce processus de réduction des émissions de gaz à effet de serre va donc devoir montrer sa détermination par des actes forts. Encore faut-il que les engagements pris par les gouvernements en place ne soient pas dénoncés au gré des changements de majorité. Il va falloir scruter ce qui se joue en ce moment aux Etats-Unis. La nouvelle administration américaine devra assumer les choix volontaires de Barak Obama en matière de protection de la planète, et aller plus loin. Il y a de la marge.
En France, les élections de mai 2017 laissent planer également un sérieux doute sur l’engagement de Paris. Les déclarations de certains candidats de la primaire de la droite peuvent inquiéter. Et puis certains dossiers en cours ne sont guère en accord avec l’accord de Paris. Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes par exemple, dont plusieurs recours sont en train d’être étudiés par la justice, paraît hors du temps en regard des engagements climatiques français. Le nombre de passagers aériens au niveau mondial pourrait doubler d’ici 2030, passant d’un peu plus de 3 milliards aujourd’hui à 6 milliards dans moins de 15 ans. Un casse-tête. La dernière étude publiée par la revue américaine Science est frappante. Selon les chercheurs, une tonne de CO2 émise fait disparaître plusieurs mètres carrés de glace dans l’Arctique. Une tonne de CO2, c’est de ce que représente, par passager, un vol entre Paris et New York. C’est également 4000 kilomètres en voiture. Notre-Dame-des-Landes pose également le problème de l’impact sur les zones humides et sur l’équilibre écologique de la région. Mais entre contraintes environnementales et respect des engagements internationaux d’une part, et intérêts politiques et économiques de l’autre, il semble que nos gouvernants aient tranché. Les échéances électorales y sont peut-être pour quelque chose.
Parions sur les mobilisations et initiatives citoyennes, localement et dans les urnes, pour orienter durablement les choix de société.
Pour aller plus loin :
- La Cop22
- Les enjeux de la Cop22
- L’Accord de Paris
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