« Littérature sans Frontières » est une chronique de Pierre Guelff.
Il n’y a pas de hasard, dit-on. Ainsi, au moment d’entamer la lecture de « La Maison du Cap » de Françoise Bourdon paru aux Presses de la Cité, un communiqué de la presse économique titrait : « Le Bassin d’Arcachon, chouchou des vacanciers », et de préciser que « dans une France championne de la résidence secondaire (quelque 3,3 millions selon l’INSEE), les Français rêvent avant tout du Bassin d’Arcachon ».
Inutile de dire que le nouvel ouvrage d’une plume marquante de la série « Terres de France » consacré, précisément, à Arcachon, ses traditions, us et coutumes, et à une grande saga, prit un intérêt encore plus pointu, sachant que j’avais déjà apprécié cinq de ses livres : « La Figuière en héritage », « Le Maître ardoisier », « La Nuit de l’amandier », « La Cour aux Paons » et « Les Chemins de garance ».
Place, donc, à Arcachon de 1849 à 1947 pour une fresque captivante pleine d’émotions diverses.
Il y est surtout question de femmes, toutes au caractère affirmé, bien trempé, avides d’individualisme, le tout décrit dans des tableaux teintés de fonds historiques avérés. De la belle ouvrage !
Tour à tour, défilent Léonie, ramasseuse de sangsues et porteuse – sur son dos ! – de riches étrangères en villégiature ou soins. Sa mère, femme d’une rare méchanceté, lui avait lancé : « Tu n’es pas faite pour le bonheur ! » Condamnation ou malédiction ? Elle est devenue une inconsolable veuve et dut être amputée d’un bras.
Puis, voici Margot, la fille de Léonie, qui décida qu’elle n’aurait jamais une existence de pauvresse. Son enfant, Charlotte, dite la « bâtarde », deviendra photographe, ce qui est extrêmement rare à l’époque, comme on s’en doute. Suivent Dorothée, farouchement attachée à sa liberté au point de sacrifier sa vie intime pour sa passion : piloter des avions. Violette, elle, sera résistante et combattra le fascisme et le nazisme avec une rare détermination. Enfin, Laurène, la petite dernière, pianiste virtuose.
En d’autres termes, il s’agit d’une lignée forte dans une société en mutation. Le récit est profond et fait de ce roman de terroir un livre magnifique d’humanisme.
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