Il y a quelques années, un voyagiste avait décidé que le monde appartiendrait à tout le monde. Même qu’on pouvait avoir une assurance soleil. Et voilà ce que ça donne ! Vous avez désormais la chance de croiser partout des gens qui ne s’intéressent pas à leurs vacances. Ils se fichent absolument de l’endroit où ils sont.
Les Baléares, les Canaries, le Kenya, la Tunisie, la Turquie. Pareil. Interchangeable. J’oubliais : Chypre, Malte, Rhodes. On fait un pays, on ne le visite pas. On veut les mêmes choses partout. Une belle chambre, climatisée, de beaux jardins, une piscine ET une plage. Même pour quelques centaines d’euros. On a payé, alors… Tout ce qu’ils ne peuvent pas s’offrir chez eux, là, ils l’exigent.
Une amie hôtesse de l’air m’a raconté qu’elle avait dû se fâcher un jour contre des touristes. A peine assis dans l’avion, les hommes s’étaient mis torse nu. Faut bien se préparer aux vacances. Première exigence, première connerie. Le séjour sera formidable.
En Mer Rouge, quand on pouvait encore y aller, il fallait voir des poissons. A tout prix. Sinon, pas la peine d’être venus. Les pauvres bêtes étaient entourées de filets. Et des Egyptiens, pour garder le filon, donnaient aux requins des carcasses de moutons. Comme ça, ils venaient tout près des bateaux. Ben voyons.
Et c’est pas parce qu’on a les moyens de voyager plus loin que l’idiotie est absente. Suivre les baleines, les grands singes… On paie aussi pour ça. Le plus drôle ? La plupart de ces gens ne visitent jamais par eux-mêmes. Toujours en excursion. Le lendemain, ça donne : alors, vous avez visité quoi ? Oh, une église. Un village. On a eu un bon déjeuner. Se cultiver ? Qu’est-ce que ça peut faire ? Au retour, quand on en parlera aux autres, ils sauront même pas où on est allés.
On va quand même leur acheter un souvenir. Un cendrier peint, ça fait toujours plaisir. Une statuette en bois ? C’est encombrant. Un vrai nid à poussière. Mais ça plait aussi.
Mon meilleur souvenir ? Accrochez-vous. En Crète, il existe un village qui s’appelle Matala, avec des grottes préservées. Les hippies s’y arrêtaient dans les années 70. Dans la rue principale, j’ai entendu un jour cette phrase : « On va voir les grottes ? Tu sais, celles qu’on a construites pendant la guerre contre les hippies. » J’en ai ri pendant des heures.
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