mardi, novembre 26, 2024

Ardennes françaises mystérieuses (24/61) : GIVET : Sur les traces de Charles Quint, Louis XIV, Victor Hugo…

2Les chroniques « Ardennes françaises mystérieuses, sacrées et insolites » sont inspirées de l’ouvrage et d’émissions de Pierre Guelff aux Éditions Jourdan, à la RTBF et TV5 Monde « Ardennes Mystérieuses, Insolites et Sacrées ». Musique du générique : « Le Réveil ardennais. »(youtube)

En arrivant à Givet pour la première fois, beaucoup de gens sont habités par des lieux communs et des préjugés véhiculés par des personnes       qui, au fond, n’avaient jamais arpenté « Le Grand Givet ou Givet le Vieux » et son port de plaisance et « Le Petit Givet ou Givet Notre-Dame », au confluent de la Houille et de la Meuse : ville triste, morose, sans grand intérêt architectural et culturel, sans attraits « touristiques »…  Que d’erreurs !

Comme je l’ai déjà décrit en première partie dans le paragraphe « Artisans, travailleurs, outils et matières premières », certes il y a la « Pierre bleue » qui fait la fierté de la région, mais il n’y pas que ça ! Jugez-en, selon la « Visite guidée du centre de Givet » proposée par l’Office de Tourisme et que j’alimente de quelques réflexions personnelles.

 

De la frontière « folklorique » au Quai des Fours

 À la frontière belgo-française, du côté de Heer, on peut encore voir le poste de la « Douane belge », du temps où le gabelou faisait souvent peur, du moins aux personnes qui « trafiquaient » du tabac, du beurre, des spiritueux…

Dans le jardin du poste, des mannequins retracent quelques pans de la vie d’antan. Nostalgie, nostalgie…Givet2ft

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Gare au gabelou !

 

Et puis, voici Givet qui se situe de part et d’autre de la Meuse et sur itinéraire compostellan. Sur la rive gauche, il s’agit de Givet Saint-Hilaire et sur la rive droite de Givet Notre-Dame.

Les moqueries de Victor Hugo

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« Givet le Vieux » (à gauche) et l’église Saint-Hilaire dont le clocher fut raillé par Victor Hugo, et « Le Petit Givet » (à droite)

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L’église Saint-Hilaire date du XVIIe siècle et est dédiée à l’évêque de Poitiers (IVe siècle), écrivain et docteur de l’Église. On admire le buste reliquaire en bois doré du XVIIIe siècle à l’intérieur de l’édifice.

 

On admire également les stalles de style Louis XIV représentant, entre autres, des saints de l’Ordre Franciscain.

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Saint Hilaire, patron de la paroisse, et des décorations de stalles.

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 Victor Hugo, grand voyageur, est passé à Givet en 1838 et n’a pas hésité à brocarder le clocher de l’église en imaginant que l’architecte avait empilé divers ustensiles : un saladier retourné, un sucrier, un coq embroché sur une bouteille…

Que les Givetois ne se formalisent pas par cette description, les Montois (Hainaut) eurent aussi droit aux moqueries d’un monument de leur ville : le Beffroi. Inauguré en 1669, c’est le plus jeune beffroi de toute la Belgique. De style baroque, haut de quatre-vingt-sept mètres, Victor Hugo ne l’appréciait guère au point d’écrire à sa femme : « Figure-toi une énorme cafetière, flanquée au-dessous du ventre de quatre théières moins grosses. Ce serait laid si ce n’était grand. La grandeur sauve… »

 Le Fort de Charlemont et les huées du peuple

La forteresse qui surplombe la cité de Givet a été édifiée par l’empereur Charles Quint en 1555. Elle allait lui permettre de tenir le cours de la Meuse, de protéger les frontières des Pays-Bas espagnols, d’opposer une barrière à la marche des armées françaises.

Quelque 3 000 ouvriers et artisans furent mis à l’ouvrage sous la protection de 20 000 fantassins sous les ordres du Maréchal Van Rossem et de 3 000 cavaliers conduits par le Prince d’Orange, Guillaume de Nassau.

C’est à la signature du traité de Paix de Nimègue, en 1678, que Givet-Charlemont fut rattaché à la France.

En 1680, Louis XIV, voulant visiter ses nouvelles conquêtes, vint à Givet accompagné de Vauban, maréchal de France, commissaire général des fortifications, qui fut chargé d’agrandir et de moderniser ladite forteresse.

Aujourd’hui, elle est considérée comme l’un des derniers vestiges architectural de l’art militaire du XVIIe siècle au nord de la France.

Une anecdote : le 1er septembre 1914, la garnison de Charlemont se rendit après cinquante heures de bombardement ennemi de gros calibre. La forteresse avait encaissé plus de 4 000 obus. Mais, à l’exception d’une casemate qui s’effondra en ensevelissant une vingtaine d’hommes, seules les murailles extérieures avaient souffert de ce pilonnage.

Il paraît que les Givetois qui avaient été témoins de la reddition sans combat ont hué les soldats !

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Le fort de Charlemont.

 

Étienne Nicolas Méhul et « Le Chant du Départ »

 

C’est en 1763 que Méhul est né à Givet et c’est à l’ancienne église des Récollets qu’il reçut d’un vieil organiste ses premières notions musicales.

 

Il se fera connaître auprès du public en mettant en musique une ode de Jean-Baptiste Rousseau à l’âge de 19 ans. Il composera ensuite de nombreuses sonates et des opéras ainsi que des chants patriotiques. Le plus célèbre sera « Le Chant du Départ », le chant patriotique le plus connu après « La Marseillaise », paraît-il.

Étienne Nicolas Méhul repose au cimetière du Père Lachaise à Paris, 13e division non loin de Pleyel, Grétry et Chopin.

Tour Grégoire et Tour Victoire

 La Tour Grégoire est située sur la rive droite de la Meuse au Mont d’Haurs.

Une colline qui, naguère, était couverte de nombreux noisetiers. Avec leurs branchages, les paysans fabriquaient des liens pour leurs fagots. Dans leur patois, ils s’appelaient des « haûrs ».

La tour date du XIe siècle et avait pour rôle de permettre le contrôle sur une longue distance des éventuelles approches de Givet et de surveiller le trafic fluvial.

Quant à la Tour Victoire, elle date des XIVe (partie inférieure en pierre bleue) et XVe (partie supérieure en brique) siècles.

À l’origine, elle était une tour d’angle d’une résidence seigneuriale. Puis, elle servit de tour de péage pour les embarcations descendant le fleuve et de prison pour la cité.

Pourquoi « Victoire » ? Parce que, en 1692, Louis XIV entra à Givet en triomphateur suite à la prise de Namur !

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La Tour Victoire.

 

De l’Hôtel de Ville au Couvent aux rues en arc de cercle

 

L’Hôtel de Ville date du tout début du XXe siècle et l’on y aperçoit (sur la façade) les armoiries de la Ville de Givet : trois tours (Grégoire, Victoire et Maugis, cette dernière ne fait plus partie du paysage givetois).

Quant au couvent, c’est celui des Récollectines datant du XVIIe siècle. Il est connu pour sa statue « La Prière » placée dans une niche sur l’aile gauche.

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L’Hôtel de Ville.

 

 

 

Avant de quitter la cité, on remarquera la rue du Puits construite en arc de cercle. Pourquoi cette particularité ?

Voici les explications données à l’Office de Tourisme :

« Suite à l’incendie de la ville de Givet en 1675, le centre ville sera reconstruit d’après les plans de Vauban.

La rue du Puits (où la pierre bleue de Givet et la brique se marient harmonieusement et où l’on admire des façades restaurées de maisons datant des XVIIe et XVIIIe siècles) est un exemple des nombreuses rues en arc de cercle que l’on trouve au cœur de Givet.

Le rôle de ces rues en arc de cercle ?

En temps de guerre, le canon ne peut pas les balayer en enfilade. Le tir d’embuscade est plus efficace !

À noter, au bas de la rue, ce que l’on appelait les ruelles coupe-feu. Elles permettaient aux soldats de se dissimuler, mais aussi de relier rapidement une autre rue par laquelle ils allaient pouvoir se rabattre sur l’ennemi. »

 

Voyage chez les Nutons et l’énigmatique squelette

 

Non loin de Givet, à Fromelennes, un voyage sous terre de trente-cinq mètres est proposé aux Grottes de Nichet.

Cet endroit est réputé pour abriter les Nutons, ces petits êtres aux pouvoirs surnaturels dont il a déjà été question au début du présent ouvrage.

À Givet, villageois et Nutons entretenaient de bonnes relations, dit-on. Ces derniers rendaient même de précieux services aux Givetois.

La visite des grottes se réalise sur plusieurs niveaux : salle des Nutons, salle des Lions (concrétions calcaires), l’impressionnante salle du Gouffre, puis la salle au Clair de Lune (reflets de la lumière sur les parois), la salle de la Roche (bloc percé de deux failles de près de dix mètres), salle du Squelette, avant de remonter en surface par un escalier de 114 marches !

Squelette ? En 1894, deux ouvriers y auraient découvert un squelette. Ce serait celui d’un criminel fuyant une condamnation à mort. Son frère l’aurait nourri, ensuite l’aurait tué par peur de représailles.

Quand Louis XIV, en visite au fort de Givet, fut mis au courant de cette histoire, il fit murer la grotte, paraît-il.

Une autre explication : le squelette serait celui d’un homme qui, au XVIIIe siècle, se serait caché dans la grotte afin d’échapper à la justice.

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