Les chroniques « Ardennes françaises mystérieuses, sacrées et insolites » sont inspirées de l’ouvrage et d’émissions de Pierre Guelff aux Éditions Jourdan, à la RTBF et TV5 Monde « Ardennes Mystérieuses, Insolites et Sacrées ». Musique du générique : « Le Réveil ardennais. »(youtube)
Des historiens prétendent que le nom « Gespunsart » provient de Sart Gébuin » (ou « Gebuinisartum »), du temps de l’empereur Charlemagne au IXe siècle. L’érection de l’église Saint-Remi fut achevée à la Révolution.
Compagnonnage
La commune, à présent forte de plus de 1 100 habitants, était réputée pour ses clouteries aux XVIIIe et XIXe siècles, comptant même des centaines de maîtres cloutiers et des compagnons. Un compagnon est un homme de métier qui effectue son apprentissage chez un maître (parfois plusieurs, comme en témoignent les Compagnons du Tour de France qui effectuent le « Voyage »), avant de le devenir à son tour.
Le Compagnonnage remonte au Moyen Âge (certains le font même débuter à l’érection du Temple de Salomon) et est basé sur un rituel d’initiation, la présentation d’un chef-d’œuvre, un apprentissage du métier (et de la vie !) hors pair, c’est-à-dire concret et synonyme de qualité et de rigueur techniques, une organisation où les concepts de solidarité et de fraternité ne sont pas de vains mots !
Le Musée de l’Outil et de la Pensée Ouvrière à Troyes (Aube), le Musée du Compagnonnage à Tours (Indre-et-Loire), celui de Romanèche-Thorins (Bourgogne)… évoquent merveilleusement une devise chère aux Compagnons : « L’homme pense parce qu’il a une main » (Anaxagore – 500 – 428 av. J.-C.).
Il se dit qu’Arthur Rimbaud aurait été gardé en nourrice à Gespunsart, commune située à la frontière franco-belge, d’où un ancien poste de douane fonctionnel avant la convention dite de l’Espace Schengen (puis du Traité d’Amsterdam) établissant une limite politique et juridique sans faire obstacle à la libre circulation des personnes et des biens.
La vache Malbrough
À Gespunsart, il y a un monument assez insolite composé du cracheur Malbrough qui alimente en eau (non potable) un lavoir situé à ses pieds.
Pourquoi Malbrough ? Peut-on faire un lien avec Lord Malbrough ?
Il semblerait que John Churchill, premier duc de Marlborough, célèbre par la chanson « Malbrough s’en va-t-en guerre », ne soit absolument pas lié à cette borne fontaine du XVIIIe siècle.
En revanche, une habitante, dont les propos sont repris par « Tourismeardennes.canalblog », expliqua :
« Malbrough serait issu de la situation suivante : après avoir bu de l’eau de ladite fontaine, une vache souffrant de problèmes intestinaux, pour avoir « mal brouté », a été guérie ! »
Malbrough, nom donné à une vache, alors ?
Sorcières, peupliers et démons
Naguère, une double légende et des précisions circulaient à Gespunsart :
– Une sorcière mal peignée, ointe d’un produit graisseux confectionné avec le foie d’un enfant mort et non baptisé, s’envola sur son balai vers le « Paquis des poules », lieu traditionnel de sabbats, disait-on. Là, elle et ses semblables avaient pour malin, c’est le cas de le dire !, plaisir d’amasser les nuages d’orage et de faire tomber la grêle sur les moissons au grand dam des paysans.
D’ailleurs, dans différentes contrées des Ardennes ont dit d’une femme mal peignée qu’elle est coiffée comme « une poussée de nuées ».
Ensuite, à un carrefour forestier où convergeaient six chemins, on les retrouvait en compagnie du diable qui y tenait séance. Dans cet endroit, les esprits malsains prenaient la forme de poules noires.
Une nuit, trois jeunes filles curieuses se rendirent à ce lieu et, coup classique, se livrèrent au Malin en échange de richesses et de pouvoirs occultes.
Mais, comme elles pensaient épouser des jeunes garçons de leur pays, le diable en fut fâché et transforma les trois jeunes filles en femmes âgées et laides.
Quant aux trois garçons, ils furent écrasés par un arbre immense.
En représailles, les sorcières furent condamnées à mort par le feu.
Le lendemain, on vit trois peupliers sortir des cendres et on appela aussitôt le lieu « Le Bouquet des Sorcières ».
Quand il ventait et qu’il faisait froid, les arbres gémissaient. Il s’agissait des âmes des sorcières qui imploraient le pardon.
Elles furent délivrées de leurs tourments et le « Bouquet des Sorcières » a peu à peu disparu alors qu’il était même devenu un endroit de pèlerinage pour les filles en quête d’un mari.
– Selon le « Guide de la France Mystérieuse », les petits démons portent des noms et ont des fonctions bien précises :
. Les Hallequins et les Lumerettes guettent les promeneurs dans les forêts et les bois et près des étangs.
. Les Couzietti font la grimace dans le feuillage des arbres.
. Les Houziers (ou Hozeliers) forment les esprits du brouillard.
. La Pie-Pie Van-Van jette dans les eaux de la Meuse toute personne qui l’écoute.
. Le Galichet est un voleur de grains.
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