Les chroniques « Ardennes françaises mystérieuses, sacrées et insolites » sont inspirées de l’ouvrage et d’émissions de Pierre Guelff aux Éditions Jourdan, à la RTBF et TV5 Monde « Ardennes Mystérieuses, Insolites et Sacrées ». Musique du générique : « Le Réveil ardennais. »(youtube)
Chatel-Chéhéry, commune de quelques dizaines d’habitants (10 par km² !), s’appelait « Mont-redoutable » à la Révolution.
Elle est située dans la forêt d’Argonne et son abbaye (fondée par saint Bernard en 1147 et reconstruite en 1750) est inscrite sur la liste des Monuments historiques.
Le château (XVIIIe siècle) abrite des chambres d’hôtes et sa dépendance a été transformée en gîte.
Il y a quelques années, « L’Express » consacrait un grand reportage à ce village sous le titre « Il faut sauver le sergent York ».
Aux États-Unis, le sergent York, qui s’était illustré dans les Ardennes lors de la Première Guerre mondiale, est devenu un « véritable mythe ».
Réalité historique ou exagération ?
De quoi s’agit-il ?
« À Chatel-Chéhéry, un village de 140 habitants situé à quarante kilomètres de Verdun, des chasseurs de mythe débarquent des États-Unis, armés de GPS, pour cheminer sur les traces d’une gloire nationale: le sergent York. Le plus célèbre soldat américain de 14-18. Archéologues, militaires, cartographes tentent de repérer, à l’aide de vieux plans et d’instruments high-tech, le lieu exact de la bataille qui lui a valu la Médaille d’honneur. (…) L’acte de bravoure de York est gravé en lettres d’or sur une dalle de marbre noir, à l’entrée du village: il a réussi, le 8 octobre 1918, à capturer cent trente-deux soldats allemands et à faire taire trente-cinq mitrailleuses lors de la bataille de Meuse-Argonne. (…) »
Ce soldat est devenu une icône : visage sur des timbres, des tee-shirts, au cinéma… Mais, son exploit aurait été exagéré, selon certains historiens. Certes, il aurait été très courageux, son héroïsme indiscutable et indiscuté. Pour d’autres, mettre en doute cette histoire relève du révisionnisme !
Il aurait été envoyé avec d’autres soldats pour s’emparer du chemin de fer à Decauville. Ils auraient surpris les soldats allemands lors d’un repas et auraient fait vingt-cinq morts chez ces derniers. Le sergent allemand promettait de capituler si York arrêtait de tuer ses hommes un à un…
« Il fallait à l’Amérique le candidat idéal à son panthéon des héros (…) Le pays avait besoin d’un héros à la Davy Crockett, d’un antidote à la boucherie de la guerre. Ce fut York. Héros malgré lui, en somme. De retour au pays, il est courtisé par Broadway. La 5e Avenue, à New York, l’accueille sous une pluie de confettis. Ensuite, il préfère se réfugier sur ses terres et collecter de l’argent pour ouvrir des écoles. Une fois, deux fois, il repousse les offres de la Warner et du réalisateur Hawks. En 1940, c’est oui. (…) »
La scène où Gary Cooper capture seul une centaine de soldats relèverait du « cinéma », paraît-il ! Jusqu’à sa mort, à 76 ans, Alvin York n’en a jamais vraiment parlé à ses sept enfants. L’un de ses fils déclara : « Mon père ne se prenait pas pour un héros, mais disait qu’il avait fait son devoir. »
Un historien ajouta au magazine : « On a braqué les projecteurs sur York, un homme téméraire, mais il n’a pas agi seul. Et il y a eu d’autres héros : entre le 26 septembre et le 11 novembre 1918, cinquante-deux autres Médailles d’honneur ont été décernées. » Le maire du village ardennais déclara enfin qu’il serait temps que les historiens s’accordent sur cet épisode guerrier. En attendant, Chatel-Chéhéry serait plus connu aux États-Unis qu’en France !
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