Accord historique, inespéré, planète en voie d’être sauvée… les éloges ont été nombreux à l’issue de la COP 21 qui a accouché d’un accord que très peu de monde prévoyait.
Malgré tout, et même si l’on doit se réjouir, il faut mettre quelques bémols à cet enthousiasme. Le financement des mesures destinées à lutter contre le réchauffement climatique, ou l’intérêt des peuples autochtones sont les points qui font débat.
- Emmanuel Poilane, le directeur de France Libertés.
« L’accord est imparfait parce qu’il n’est pas suffisamment ambitieux. Il renvoie aussi aux calanques grecques la révision des différents objectifs de réduction des gaz à effets de serre, puisque la prochaine étape de discussion de ces engagements, c’est 2025. C’est beaucoup trop loin.
Il est imparfait aussi au niveau du financement. Par contre, il doit pouvoir enclencher une dynamique économique. On craint évidement les fausses solutions des multinationales qui cherchent à gagner de l’argent. Mais il n’est pas exclu que cet accord engage le monde de la finance à donner un vrai changement de direction pour que les financements de demain soient plutôt dirigées vers le renouvelable, parce que c’est l’avenir, plutôt que vers les énergies fossiles qui appartiennent au passé.
Il y a un enjeu très fort, pour la société civile, d’appuyer là où çà fait mal, et de faire en sorte que la finance et l’économie se redirige vers les solutions de demain. De ce point de vue, l’accord pourrait dépasser les entités politiques si les entités économiques s’en emparent. Ça, c’est notre ambition. C’est pour cela que l’on participe à la campagne « 350.org », qui engage l’ensemble des acteurs économiques de la planète à se désinvestir des énergies fossiles. »
Et puis les peuples autochtones ont aussi été oubliés lors de cette conférence, oubliés en tous cas des discussions officielles
« C’est un paradoxe. Ils ont été très présents au Bourget, où il y a avait un espace « Peuples autochtones » très intéressant, très fourni. Il y a eu beaucoup de conférences et beaucoup d’écoute aussi des négociateurs des peuples présents. Mais évidemment, cela ne figure pas dans l’accord qui est un accord d’état à état. Mais cela pèse très fortement. Cela pèse aussi sur l’ambiance médiatique car il y a un vrai écho positif de la part de la population et des médias pour éclairer la réalité des peuples autochtones. »
Le travail ne s’arrête pas avec la COP 21… Sur quoi France Libertés va maintenant concentrer son action dans les mois et les années qui viennent ?
« Première action : le travail que l’on doit faire sur un plaidoyer « Eau et extractivisme » pour éclairer le passéisme de ces énergies fossiles. Et on va se positionner vers la COP22 de Marrakech. La France aura un rôle très important sur le suivi entre les deux conférences. La COP22 sera organisée avec le France et le Maroc, puisque la France reste présidente de la Conférence jusqu’à l’ouverture de la COP22. Avec l’ensemble de la société civile, on fera en sorte que notre voix soit forte entre Paris et Marrakech. »
Et on suivra ces initiatives sur Frequenceterre tout au long de l’année 2016.
Pour aller plus loin :
- COP21 : un accord majeur et beaucoup d’actions restant à mener
- Plaidoyer « Eau et Climat » de France Libertés
- Campagne « 350.org »
- Le Maroc ouvre la COP22
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