La COP 21 s’est refermée sur un espoir. Que le réchauffement climatique soit contenu en deçà des 2 degrés d’ici 2100.
Les 195 pays et l’Europe ont réussi à s’accorder sur cet objectif commun qui laisse entrevoir un avenir plus positif que lors des précédentes Conférences des parties. Cet accord est certes imparfait, mais il va permettre d’agir. Malgré les bémols que l’on peut mettre sur le résultat des négociations, il y a dans cette issue inespérée par rapport à ce que l’on pouvait craindre, des raisons d’être optimistes.
Emmanuel Poilane, le directeur de France Libertés.
« L’économiste Jean Gadrey a très bien résumé cette situation dans un récent article. Il a dit en substance : « Si on regarde ce qui aurait pu être, cet accord est formidable, et si on regarde ce qui aurait du être, c’est un désastre ». Cela pose bien les bases de l’endroit où nous sommes pour le moment.
On ne peut pas attendre des Etats qu’ils prennent des décisions contraignantes pour transformer la société en vue de la lutte contre le changement climatique. Il faut avoir conscience que les Etats sont dans des dynamiques économiques et qu’ils essaient de faire évoluer leur modèle économique pour être le moins perturbant possible et lutter le plus possible contre le changement climatique. Du coup, c’est très imparfait.
Par contre, un accord comme celui de la COP21 signé par l’ensemble des parties prenantes, va nous permettre à nous, société civile, de rappeler constamment aux Etats leurs engagements et la nécessité d’aller plus loin pour être en capacité de rester sous les 2 degrés réellement. De ce point de vue, l’accord va être un point d’appui pour la société civile pour l’avenir. »
Sur les combats particuliers de la Fondation, il y a des effets à attendre de cette COP. Il y a des appuis à trouver sur certains des engagements de la Fondation.
© France Libertés« Ce que l’on voit c’est que cet accord va entrainer des évolutions, notamment sur les mesures d’adaptations. A partir de la COP22 au Maroc, on devrait commencer à traiter des problématiques thématiques. Pour l’instant, l’ambition des états était de dire « on se met d’accord sur la lutte contre le changement climatique, mais on n’entre pas dans les différents thèmes, agriculture, océan, eau…» Normalement, à partir de la COP22, les thématiques vont s’ouvrir. Pour nous, il y aura un enjeu très fort avec la thématique de l’eau. Car on sait que les mesures d’adaptation sur l’eau et les évolutions positives sur le grand cycle de l’eau pourraient avoir un impact sur la planète de l’ordre de 4 milliards de tonnes de CO2. Sur un total des émissions de CO2 de l’ordre de 10 milliards de tonnes, cela impacterait très positivement la lutte contre le changement climatique. Nous allons faire en sorte que les chercheurs du GIEC soient plus ambitieux sur la thématique de l’eau pour que l’on puisse engager les états dans de vraies batailles sur ce thème. Cette question est essentielle pour que l’on puisse s’en sortir. »
Sur cette question du cycle de l’eau, des mesures pourraient être prises au niveau des Etats pour qu’ils soient en accord avec leurs engagement.
« C’est beaucoup de plantation de forêts, c’est travailler sur nos zones humides, redonner de l’espace vital à nos rivières, rafraichir les villes et faire en sorte que l’espace végétal y soit beaucoup plus fort… C’est remettre l’eau au cœur des villes, pour qu’elle trouve sa place et permette des espaces de rafraichissement… Il y a tout un tas de solutions très concrètes qui ne rapportent pas d’argent, mais qui amènent du bien vivre et du bien être. Il faut donc absolument que nos collectivités territoriales s’emparent de ces questions-là pour que cela deviennent une priorité dans le développement de nos villes et de nos territoires dans les années qui viennent. »
L’accord de Paris nécessite par ailleurs que l’Humanité doive laisser 80% des énergies fossiles dans le sol.
On en reparle la semaine prochaine avec France Libertés.
Pour aller plus loin :
- COP21 : un accord majeur et beaucoup d’actions restant à mener
- Plaidoyer « Eau et Climat » de France Libertés
- Jean Gadrey : le risque climatique, une opportunité pour un autre développement économique et social
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