Je le répète encore, comme je l’ai expliqué dans la première partie de cette série de trois chroniques consacrée à Molenbeek, cité bruxelloise mondialement connue depuis les attentats parisiens du 13 novembre 2015, et stigmatisée à l’extrême comme étant un repère de terroristes, que tenter de comprendre ce n’est ni pardonner ni excuser. Néanmoins, cette commune de 100 000 personnes ne compte quand même pas 100 000 terroristes, voyous et trafiquants ! Il faut raison garder, ce que, malheureusement, certains politiques et de nombreux internautes ne font pas.
Enfant, en vacances à Bruxelles, j’ai sillonné les rues de Molenbeek en tenant la main de mon grand-père, jeune, j’y ai joué au foot, adulte, j’y ai travaillé comme ouvrier dans différents ateliers, tel celui du père de Jacques Brel, une cartonnerie, puis, devenu journaliste, j’y ai fait de nombreux reportages.
Brel, parlons-en. Comme moi, il a peut-être été boire un verre dans un bistrot en face de la Gare de l’Ouest, proche de la « Cartonnerie Vanneste et Brel », là où il fut employé mais rêvait de Paris et de chanson. Le quartier était vivant, industrieux, populaire, bien entretenu. À présent, l’entreprise Brel n’existe plus, balayée comme tant d’autres par une situation économique en déclin et malade, alors, certains endroits sont devenus des zones dévastées et de gigantesques poubelles en plein air. Tout ça, sous les yeux d’habitants vivant dans des taudis et dans la peur d’une extrême minorité de personnages qui y font la loi ou à côté de prêcheurs en eaux troubles.
Le problème, c’est que tout cela forme un terreau propice à créer des réseaux dangereux qui, les enquêtes judiciaires les ont démontrés, ont des connections internationales, y compris en France. Les attentats du 13 novembre 2015 ont dramatiquement prouvé l’existence de ce terreau. Certes, les autorités locales ont tenté de combattre cette paupérisation, mais une question essentielle se pose : tous les colossaux moyens qu’elles ont reçus ont-ils été utilisés à cet effet et à bon escient ? À voir l’état du quartier « Brel », dirons-nous, j’ai de sérieux doutes. Ceci explique, peut-être cela.
Pour conclure cette deuxième chronique, j’ai été surpris d’entendre Jacques Brel, magnifiquement interprété lors de la cérémonie aux Invalides en hommage aux victimes, à travers sa chanson pleine de fraternité « Quand on a que l’amour ». Tout comme Bono chantant « Ne me quitte pas » à Bercy. Je ne sais pas si les organisateurs étaient au courant de la vie molenbeekosie de Jacques Brel, mais, quelque part, de manière subliminale, en sorte, c’était réhabiliter une commune tellement et injustement stigmatisée.
« Quand on a que l’amour
Pour parler aux canons
Et rien qu’une chanson
Pour convaincre un tambour
Alors sans avoir rien
Que la force d’aimer
Nous aurons dans nos mains
Amis le monde entier »
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