Les actes terroristes sont abominables et rien, absolument rien, selon moi, ne les justifie. En revanche, on peut tenter de comprendre ce qui en fait le terreau. Comprendre, n’est ni pardonner ni excuser. C’est, peut-être, espérer que cela ne se reproduise plus. Pour ma part, que les choses soient claires : je suis viscéralement contre les amalgames qui empoisonnent le quotidien des citoyens : « Toutes les blondes sont… », « Tous les Belges sont… », « Tous les Parisiens sont… », « Tous les Arabes, ou Chrétiens, ou Juifs, ou Blancs, ou Noirs… sont… » En revanche, je fais mienne cette citation d’Antoine de Saint-Exupéry : « Si tu diffères de moi, frère, loin de me léser, tu m’enrichis. »
Quelques jours après les attentats du 13 novembre 2015, François Hollande déclara : « Les actes de guerre de vendredi ont été décidés, planifiés en Syrie, ils ont été organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises. » Des réactions françaises et internationales fusèrent : stigmatiser la Belgique, plus particulièrement Molenbeek, c’est cacher sa propre incurie et ses lacunes. Soit. La politique politicienne reprit rapidement ses droits sur les légitimes terreur et tristesse des peuples.
Alors que Bruxelles était en véritable état de siège à cause d’alertes aux attentats, j’ai surmonté crainte et préjugés…
« Boulangerie Casablanca », « Charcuterie Omar », « Pizzeria turque », « Chez Les Frères Mohamed », « Sahel Coiffure », « Yasser Sport », « Vêtements Loubna », « Librairie El Riad », « Le roi du salon maghrébin », « Arts et folklores marocains »[1]…, j’étais bien au centre de la commune de Molenbeek, qui fait partie de Bruxelles, capitale de l’Europe. Du côté de la rue Ransfort, là où des perquisitions eurent lieu, des adolescents jouaient au foot sur un mini-terrain encagé, un panneau lumineux annonçait le Marché de Noël de la mi-décembre, je revis des artères et des bâtiments, jadis propres et entretenus, devenus des « chancres urbains » (vitres brisées, pans de façades qui s’effondrent sur les trottoirs, locaux et espaces dits verts servant de dépôts clandestins pour immondices…), le site de l’entrée de la station de métro Beekkant (dite à « hauts risques ») : un véritable dépotoir à ciel ouvert, et là, sur les trottoirs, des tonnes (je n’exagère pas) de détritus qui, à première vue, ne dataient pas de la veille… Et, pourtant, durant des décennies, des millions et des millions d’euros furent destinés à cette commune afin de lutter contre la paupérisation galopante (Source : « Le Soir« , novembre 2015). On peut légitimement se demander ce qu’en ont fait les politiques en voyant pareille situation.
Ensuite, direction Parc Marie-José, inauguré en 1922 et quelque peu restauré. Cet espace de six hectares se compose de sous-bois, d’étangs, de jeux pour enfants… Au fil des saisons, on y voit des hérons, des cygnes, des oies sauvages et autres pics-verts ou perroquets verts… Il y a, encore, de remarquables cèdres du Liban, des ifs, des peupliers… et une statue de Gandhi, le pape de la non-violence et de la désobéissance civile, en position de méditation. Sous la statue, je lis un écriteau : « Le monde est ma famille ».
Tout un symbole d’espoir dans un environnement sociétal, ô combien, difficile.
[1] J’ai quelque peu modifié les appellations afin de ne pas stigmatiser davantage les propriétaires de ces commerces qui existent réellement au cœur de Molenbeek.
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