Ne rien lâcher !
C’est le mot d’ordre lancé par les mouvements citoyens à quelques jours de la COP 21. Sonnées par les attentats de Paris du 13 novembre, les associations mobilisées sur les manifestations citoyennes qui doivent se tenir en parallèle de la Conférence Mondiale sur le Climat, ne comptent pas baisser les bras.
Face à l’état d’urgence, qui vient d’être prolongé pour 3 mois, et après l’annonce de l’interdiction des marches citoyennes, les militants associatifs sont plus que déterminés à faire entendre la voix des peuples pour peser sur les négociations. La marche pour le climat du 29 novembre est annulée. De même que la mobilisation citoyenne prévue le 12 décembre à Paris.
Pour Txetx Etcheverry, de la coordination européenne des Alternatiba, ces annulations imposées par le gouvernement sont un coup dur pour le mouvement citoyen et une faute politique.
« On aurait très bien compris et admis de discuter avec le gouvernement de la modification du format des mobilisations afin d’en assurer la sécurité la plus complète possible. Mais interdire brutalement sans alternative, c’est une faute. C’est contradictoire avec ce qui a été fait après l’attentat de Charlie Hebdo, avec la manifestation regroupant des dizaines de chefs d’Etats du monde. Quand on disait « il y a des risques d’attentats », le gouvernement avait dit « la liberté de la presse et la liberté d’expression valent que l’on prenne des risques. Et les gens viendront à la manifestation en connaissance de cause. Ils sont adultes. »
Aujourd’hui, quelques mois après, on a changé le fusil d’épaule, et on considère que le changement climatique n’est pas une cause qui vaut de prendre les mêmes risques que la liberté de la presse. Et on considère que les gens ne sont plus adultes pour savoir s’ils doivent participer ou non à de tels rassemblements ? »
L’autre faute, selon Txetx Etcheverry, est la contradiction affichée avec entre autre, l’ouverture des marchés de Noël de la capitale, tout aussi difficile à sécuriser. Pour lui, le message est clair. Eviter que les citoyens contestent l’accord qui sera signé entre les Etats.
« L’accord, tel qu’il est préparé actuellement, est un accord qui ne permet pas de limiter le réchauffement climatique au dessous des seuils d’emballement climatique. Si cet accord nous amène à bruler la planète, à plonger dans le chaos climatique, il est de notre devoir d’alerter l’opinion publique mondiale en disant : « Ne prenez pas pour argent comptant les satisfécits que vont s’auto-adresser les chefs d’Etats du monde en disant qu’il y a eu un accord ». C’est une responsabilité historique que l’on a de porter ce message à l’opinion publique mondiale. C’est pour çà que l’on ne peut pas accepter l’interdiction du gouvernement. »
Pourtant des alternatives avaient été proposées. Sans succès. Le refus est donc politique.
« Dans les discussions avec le gouvernement, on était tout à fait prêts à envisager l’hypothèse de faire un rassemblement dans un hippodrome ou dans un stade, avec des conditions de sécurité. Mais là, c’est une interdiction sans alternative. On voit bien qu’elle est motivée politiquement. Quand on a eu la réunion avec Laurent Fabius et son équipe, il a clairement dit qu’autant il pouvait se poser la question de proposer ou non des alternatives à la marche du 29 novembre, autant le 12 décembre, c’était quelque chose qui ne leur plaisait pas politiquement. Donc il ne fallait pas nous proposer d’alternatives. »
La Coalition Climat 21 étudie actuellement des alternatives aux manifestations initiales. Les mobilisations pourraient prendre des formes diverses.
« La Coalition Climat a défini aujourd’hui des propositions pour permettre aux gens de se manifester malgré tout le 29 novembre et le 12 décembre. Cela n’aura pas l’allure de rassemblements massifs, mais d’occupation de l’espace public sur le parcours que devait emprunter la marche du 29 novembre, entre la République et la Nation. Cela peut être en occupant les terrasses de café, en y organisant des discussions sur le climat, en décorant les rues, en circulant à vélo… Que des milliers de citoyens puissent, sans manifester communément, être tous présents au même moment, de manière individuelle et donner quand même la couleur de ce qu’aurait été cette marche pour le climat. Et le 12 décembre, il est proposé de tracer, par un système de géo-localisation à travers tout Paris, un immense lettrage qui dirait « Climat Justice for Peace ».
On pense qu’il faut maintenir des rassemblements, des marches, le samedi 12 décembre, car c’est important que la société civile, que ceux qui ont à cœur de stabiliser le climat disent leur avis sur le contenu de l’accord qui va sortir de cette COP 21. Cela aura une importance décisive pour les batailles sur le climat qui seront menées dans les mois et les années à venir. En 2040, on nous jugera pour ce que l’on aura fait ou pas fait à la fin de cette COP. Et nous, on veut pouvoir se regarder dans la glace en 2040. »
De son coté la coordination des Alternatiba appelle à ne rien lâcher et invite les citoyens à rester mobiliser tout au long de la COP 21. Avec l’espoir que la mobilisation citoyenne du 12 décembre puisse exister.
Pour aller plus loin :
- Coalition Climat 21 : son nouveau plan de mobilisation
- Alternatiba : appel pour le maintien des mobilisations pour le climat
- Alternatiba se mobilise les 28 et 29 novembre
- Marchons pour le Climat partout ailleurs
- COP 21 : déclarons l’état d’urgence climatique – Le Blog de Maxime Combes
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