samedi, novembre 23, 2024

Les Jummas du Bangladesh : un peuple menacé

Monde Solidaire, notre rendez-vous avec la Fondation France Libertés, nous emmène cette semaine au Bangladesh où les Jummas, un peuple autochtone qui vit depuis plus de 30 ans sous le joug du pouvoir central, est menacé de disparition.

France Libertés et 8 autres associations viennent de lancer une pétition à destination de la Première Ministre du Bangladesh pour que soient reconnus les droits des Jummas.

Qui sont ces Jummas ?

  • Marion Veber, chargée du programme « droits des peuples » à France Libertés.

« Les Jummas sont des peuples autochtones qui vivent sur leurs terres ancestrales au sud-est du Bangladesh, dans la région des collines des Chittagong Hill Tracts. Le terme Jummas est un nom collectif donné aux onze peuples autochtones de la région. Ils représentent un million de personnes sur une population de 150 millions d’habitants. Les Jummas diffèrent profondément du reste de la population bengalie, majoritaire dans le pays. Ils sont ethniquement, culturellement et linguistiquement distincts du reste de la population du pays. Par exemple, les bengalies sont majoritairement musulmans et parlent le bengali, alors que les Jummas sont bouddhistes et ont leur propre langue. »

Carte CHT

Dès 1979, les territoires de ces peuples autochtones ont été colonisés et sa population a été victime d’exactions par le gouvernement bengali.

« Entre 1979 et 1984, le gouvernement a considéré le territoire Jummas comme une terre vierge, et a installé entre 350.000 et 450.000 Bengalis sans terre dans la région. Ce qui a provoqué une forte augmentation de la population bengalie par rapport au reste des Jummas. Ce processus s’est accompagné de nombreuses violences, d’expulsions, d’incendies criminels et d’agressions sexuelles. Autant de moyens pour terroriser les communautés et les obliger à quitter leurs maisons. La résistance des Jummas a mené à un conflit pour lutter contre cette colonisation, dès les années 70. Ce conflit, qui a duré jusqu’en 1997, a fait plus de 10.000 victimes et provoqué le départ en exil de plus de 100.000 réfugiés. »

Pourtant des accords de Paix ont été signés en 1997 par la Première Ministre actuelle, Madame Sheikh Hasina.

« Ces accords prévoyaient trois engagements : le démantèlement des camps militaires et la fin de la militarisation excessive de la région des Jummas ; la restitution des terres confisquées et l’arrêt du processus de colonisation ; et la délégation de pouvoir aux institutions locales afin que les populations Jummas puissent jouir d’une plus grande autonomie politique. »

Des accords qui sont restés lettre morte… Ils n’ont pas été respectés… Les Jummas subissent encore des violations des Droits de l’Homme.

« L’accord a été signé il y a 18 ans et il n’a toujours pas été respecté. Il y a même une réelle flambée des violences qui fait peser un climat d’insécurité permanente. La militarisation excessive continue. Un rapport des Nations Unies estimait qu’il y avait 1 soldat pour 40 civils dans les Chittagong Hill Tracts contre 1 soldat pour 1.750 civils dans le reste du pays. Le processus d’accaparement des terres continue. La terre est d’ailleurs reconnue par les rapporteurs des nations Unies comme le problème le plus critique. Il n’y a pas de volonté politique pour faire appliquer les accords. »

© France Libertés
© France Libertés

France Libertés et huit autres associations de défense des Droits de l’Homme ont donc lancé une pétition. Ce n’est pas anodin que France Libertés s’intéresse particulièrement à ce peuple.

« La Fondation est investit pour le peuple Jummas depuis très longtemps. Danièle Mitterrand était déjà intervenu en 1986 à la télévision pour dénoncer le génocide qui avait lieu dans la région des Chittagong Hill Tracts. Elle avait réussi en 1987 à faire venir 72 enfants Jummas orphelins et qui étaient particulièrement menacés par le conflit. Après l’accord de Paix de 1997, la Fondation a été très active pour dénoncer la non-application de cet accord et les violations des Droits de l’Homme. Nous attirons d’ailleurs régulièrement l’attention du Conseil des Droits de l’Homme sur le sujet. »

Que demandent les associations dans cette pétition ?

« Nous demandons l’application des accords de Paix de 1997. Nous appelons la Première Ministre du Bangladesh, Madame Sheikh Hasina, à respecter les accords de Paix et à honorer sa promesse. La pétition a une dimension internationale. A nos cotés il y a notre partenaire historique « La Voix des Jummas », mais aussi des associations françaises comme le  « Groupe International de Travail pour les Peuples Autochtones » (GITPA),  « Survival International France« , ou « ICRA International« . Il y a aussi des associations au Bangladesh ou au Japon. Outre Gilbert Mitterrand, le président de la Fondation, nous comptons à nos coté le député Noël Mamère, ainsi que le Roi et le Reine des Chakmas, ont accepté de parrainer la pétition pour mettre en lumière les violations des Droits de l’Homme dont sont victimes les Jummas. »

Cette pétition, lancée le 21 septembre, à l’occasion de la Journée Internationale de la Paix, prendra fin le 2 décembre 2015, date des 18 ans de la signature de l’accord de Paix.

Pour aller plus loin :

[youtube]https://youtu.be/Lt2RD3OW4wM[/youtube]

 

 

 

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