Habitat écolo et populaire, épicerie coopérative, et les limites de la démocratie au menu de Monde Solidaire avec le journal l’Age de Faire. Avec Lisa Giachino, la rédactrice en chef du journal.
L’éco-construction est à la une du dossier du mois de mars de l’Age de Faire, un dossier consacré à l’habitat écologique et populaire. Entre règlementation technique et coût des matériaux, construire ou rénover son logement écologiquement peut devenir le parcours du combattant…
Pourtant, au travers des exemples mis en avant dans ce dossier, l’éco construction peut être à la portée de tous…
Lisa Giachino.
« On a voulu mettre en avant des initiatives qui montrent que l’éco construction n’est pas forcée de rester à la marge. On s’est intéressé à des personnes qui transmettent des savoir-faire, car, à moins d’avoir les moyens de faire appel à des artisans, on risque d’être un peu démuni. Des associations existent pour partager ces savoir-faire… au niveau de la réglementation, de l’utilisation des matériaux, ou de savoir quels matériaux utiliser… Il y a des initiatives qui mettent la rénovation écologique à la portée des plus modestes.«
L’éco-construction n’est pas forcément réservé à l’habitat individuel. L’habitat collectif, les logements sociaux sont aussi concernés.
« Des communes ont choisi de construire des logements sociaux de façons très écologique, dans le choix des bâtiments ou dans la conception des bâtiments comme ce village de montagne, Auzet, dans les Alpes de Haute Provence, où la commune a certes eu recours à des matériaux classiques, mais a construit des bâtiments passifs. Les habitants n’ont pas besoin de chauffage, même par -20 degrés. Cela permet à des gens qui n’ont pas beaucoup de moyens de faire des économies et de ne pas gaspiller les ressources naturelles. »
L’éco-construction ou la réhabilitation écologique peuvent aussi se conjuguer avec de l’insertion sociale.
« Il y a de l’accompagnement à la rénovation. Cela existe depuis plusieurs années. Maintenant que la question de la précarité énergétique devient plus importante, c’est devenu un enjeu important. Exemple avec Villeneuve d’Ascq, dans la métropole lilloise, qui s’est centré sur l’isolation de la toiture. Des conseils sont donnés, des matériaux sont proposés… cela a permis à un certain nombre de personnes de se lancer. »
A Die, dans la Drôme, une épicerie coopérative démontre, depuis 25 ans, qu’il est possible de proposer des produits locaux et bio sans s’affilier à une enseigne… en restant indépendant… et çà marche !
« Çà marche grâce à l’implication des usagers. C’est un équilibre assez subtil pour arriver à proposer des produits locaux et bio pas trop cher, tout en rémunérant correctement les employés. C’est une société coopérative d’intérêt collectif où chacun à son mot dire dans le fonctionnement, consommateurs, producteurs, salariés. Et afin de dépasser les incompréhensions et pérenniser l’épicerie, des « théâtres-forum » sont organisés pendant lesquels les rôles sont inversés. L’idée est de se mettre à la place de l’autre pour mieux comprendre les enjeux et contraintes de chacun. »
En cette période électorale, un conseil de lecture : le livre de David Van Reybrouck, « Contre les élections », qui démontre les limites et les dérives de la démocratie représentative.
« Le livre prend du recul par rapport à ce qu’est l’essence même de la démocratie pour beaucoup d’entre nous : les élections. Il pose la question de savoir pourquoi les élections ont pris autant de place. Pendant des siècles, le tirage au sort était utilisé en combinaison avec les élections pour les rééquilibrer. Les élections portaient au pouvoir des personnes à priori compétentes, et le tirage au sort donnait la chance à tous d’exercer une fonction. Les élections étaient considérées comme élitistes et le tirage au sort comme plus démocratique. C’est au moment des révolutions françaises et américaines que les élections sont devenues le seul outil considéré comme pertinent pour organiser la démocratie. On considère maintenant comme le symbole même de la démocratie quelque chose qui au départ était considéré comme aristocratique.«
Pour aller plus loin :
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