Les eaux de l’océan Austral autour de l’Antarctique abritent des écosystèmes exceptionnels en bonne partie préservés des activités humaines mais désormais menacés par le développement de la pêche et la navigation. L’antarctique et l’Océan austral sont est les derniers écosystèmes à peu près inviolés de la planète. Ils ont un statut unique, grâce au traité de l’Antarctique, signé en 1959 par douze pays et renouvelé en 1991 pour 50 ans par 45 pays.
Ce statut permet de destiner ce territoire à la science, aux actions pacifiques, à la préservation des ressources naturelles et à la protection de la biodiversité.
Pourtant début Novembre c’est un échec cuisant en matière de gestion des ressources marines de l’antarctique qui a conclu la réunion des membres de la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique, créée en 1982 . L’ensemble des 24 états et l’union européenne ont rendu feuille blanche. Et c’est la 3ème fois depuis 2012 !
Deux projets de sanctuaires ont été mis sur la table aux fins de créer une vaste réserve marine couvrant l’équivalent du territoire indien, potentiellement la plus étendue au monde, peuplée de cétacés, mammifères marins et manchots –pas moins de 16.000 espèces.
Les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande proposaient de sanctuariser une aire de 1,25 million de km2 en mer de Ross, une immense baie, côté Pacifique, sous juridiction néo-zélandaise.
La France, l’Australie et l’Allemagne recommandaient de leur côté la création de sept aires marines protégées (AMP) côté océan indien, sur une étendue de 1,6 million de km2.
Mais la Russie et la Chine s’y sont opposées, repoussant à l’automne 2014 –sauf réunion exceptionnelle– de nouvelles consultations puisque cette convention se réunit une fois par an et que toute décision en son sein est adoptée par consensus.
Victime de bagarres diplomatiques, les zones essentielles de l’océan Austral sont aussi des zones de pêche que des pays comme la Russie ou la Chine refusent de céder sous des prétextes juridiques. Malgré le rétrécissement des aires marines à sanctuariser, rien n’y fait, en dépit des fondements scientifiques incontestables. Et c’est de mauvais augure pour la préservation du continent Antarctique et de ses eaux.
Encore une fois, une fois de plus, on constate l’impact des intérêts économiques et politiques de court terme dans la protection des océans pour le bien des générations futures ».
Au-delà même de cette discorde, c’est l’ensemble de la direction prise par l’humanité qui est en jeu.
SI le dernier continent inviolé, car difficile d’accès, dernier bastion de la vie sauvage, inhospitalière, est lui aussi soumis aux intérêts financiers, comment peut-on espérer que tout lieu, toute ressource, tout écosystème ne soit pas l’objet de la prédation de l’homme.
C’est un bien pessimiste message qui a été délivré dans cette affaire. Et une brèche dans la volonté historique de garder cette zone intacte…
Dans l’indifférence et le silence général.
Et si on en parlait pour s’en emparer ? le traité sur l’antarctique sera caduc en 2041.
Podcast: Download