Cette longue série de chroniques consacrées à la mer est émaillée de nouvelles plus ou moins bonnes quant à la protection des océans. D’un côté, on ne peut que se réjouir des quelques avancées obtenues après plusieurs années de travail acharnée des ONG.
Ainsi la PCP ou politique commune des pêches est désormais un chantier fini pour le parlement européen avec des avancées sur le papier pour les prochaines années. Repoussant les lobbys de l’industrie soutenus par leurs ministres de la pêche, le parlement européen a su faire preuve d’ambition dans la lutte contre la surpêche. La politique commune des pêches est sans doute la meilleure qu’on eut pu espérer en dépit de ses imperfections, car pour la première fois pour la première fois, la pêche artisanale est reconnue et des critères environnementaux et sociaux devraient être pris en compte dans la future attribution des quotas.
Je disais que l’on pouvait se réjouir des avancées actuelles car au même moment on apprenait que la Cour internationale de justice donne raison à l’Australie qui accusait le Japon de pratiquer une chasse à l’échelle commerciale sous couvert d’un programme de recherche scientifique. Et cette cour a ordonné au Japon l’arrêt de la chasse à la baleine dans l’Antarctique.
On en rêvait, la justice internationale l’a fait !
Tout va bien et on peut crier victoire alors ?
Pas tout à fait. Car tout n’est pas rose pour autant : on continuera de subventionner la construction de nouveaux bateaux de pêche industriels alors que les stocks de poissons s’épuisent et que nous sommes en surcapacité de moyens de pêche !9a c’est pour la politique commune des pêches. Et le Japon va sans nul doute continuer de tuer des baleines, il indique via L’Institut japonais pour la Recherche sur les Cétacés (ICR) qu’il va braver le verdict de la Cour Internationale de Justice, en lui remettant un mémoire déclarant qu’il a l’intention de retourner chasser les baleines en Antarctique en 2015-2016. Quelle douche écossaise !
Et Que peut-on conclure de ces revirements ? Deux choses :
– Si le travail de fourmi et la pression de l’ensemble des ONG est nécessaire pour faire émerger les problèmes et induire une certaine pression, il n’est pas suffisant, car la majorité des avancées se règlent uniquement sur le terrain législatif ou juridique. Le droit ou la loi sont les uniques réelles possibilités de protection des océans !
– Mais l’on voit également au travers des résultats cités, que ni le droit, ni la loi ne sont des garanties de justice environnementale. Ces garanties sont bafouées plus que fréquemment.
Pourquoi ?
Tout d’abord parce que le droit en matière maritime est tout simplement un leurre dès lors qu’il s’agit de la haute mer, même si le droit est le seul principe qui permettrait un cadre international de référence pour tout habitant de cette planète. J’y reviendrai dans une chronique ultérieure
Mais aussi parce que le sens donné aux lois et au droit n’est pas conforme à l’intérêt général et est totalement dépassé par une logique d’exploitation des mers court-termiste.
Cette logique d’exploitation jusqu’au boutiste doit passer vite, très vite à une logique de respect et donc de protection des océans, pour une jouissance future possible de ce qui représente près des 3/4 de la surface de la planète.
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