vendredi, novembre 22, 2024

Les premiers avions au biokérosène (rediffusion)

Après les voitures il fallait s’y attendre, les avions sont passés au biocarburant. Lufthansa KLM et Finnair ont sauté le pas, pour certaines de leurs liaisons, ils volent désormais à l’huile végétale recyclée. Les Airbus A319 et A320 de la compagnie finlandaise Finnair sont alimentés à moitié par un biokérosène issu d’huile de cuisine usagée et à moitié de kérosène. Finnair s’est protégée par avance des critiques visant les agrocarburants : elle précise que l’origine de son essence verte est bien de l’huile de cuisine recyclée, et qu’elle n’est pas produite spécialement pour fournir ses avions.

De cette façon, Finnair dit « ne pas compromettre la production agro-alimentaire et ne pas conduire à la dégradation de la biodiversité ou à la déforestation ».

En effet, la culture intensive d’une plante, le jatropha, s’est soldée par un échec et a terni sévèrement l’image des agrocarburants. Pendant une période de 6 mois, ces vols au kérosène vert vont être étudiés pour connaître l’impact à long terme des biocarburants sur les performances des appareils. De façon générale, les compagnies aériennes affichent leur volonté de réduire les rejets polluants. Kati Ihamaki, dirigeante chez Finnair, annonce que le souhait de sa compagnie est « d’être pionnière en matière de développement durable dans le transport aérien. Elle explique que « les émissions de moteurs ont un impact important sur l’aspect environnemental. Investir dans la recherche de carburants alternatifs serait selon elle, un moyen pour essayer de réduire leur charge sur l’environnement. » A terme, Finnair table sur une réduction de 80 pour cent des émissions de CO2 de sa flotte.

Si une filière des agrocarburants pour les avions est entrain de se structurer, c’est que l’Europe fait la chasse aux pollueurs. Au 1er janvier prochain, les compagnies aériennes devront se soumettre à l’achat de permis de polluer dans l’espace européen. On comprend mieux l’intérêt pour Lufthansa et consorts de se convertir aux biocarburants si vite. Yves Scharff, directeur technique d’une filiale de l’institut français du pétrole, était présent à la grand-messe de l’aéronautique du Bourget cette année, où l’on a beaucoup parlé des biocarburants. Il expliquait que « les biofuel pour l’aéronautique peuvent être produits soit à partir de graisse végétale, soit à partir de biomasse, du bois ou de la paille. Selon lui, « le carburant obtenu a les mêmes caractéristiques chimiques que le kérosène. Il peut donc être mélangé jusque dans une proportion de 50 pour cent sans aucune modification de l’avion. »

Pourtant les écologistes sont de plus en plus réservés sur ces carburants verts. C’est la production agricole qui fait tordre le nez aux associations écolo : chez France nature environnement, on estime à 80.000 km carrés la surface de terres nécessaires pour que les avions volent avec seulement 10 pour cent de biocarburants dans leur réservoir. Ce qui est en concurrence frontale avec la production agro-alimentaire. En clair, soit l’Europe agricole nourrit les avions, soit elle nourrit ses bouches, mais elle ne peut pas faire les deux.

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