Dans cette chronique je mentionne bien souvent la nécessité de protéger les requins, indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes marins.
On pourrait penser que cela ne concerne que de lointaines latitudes, car non concernés par cette problématique sur lequel nous n’avons aucune influence.
Eh bien un rapport du comité français de L’UICN (union internationale pour la conservation de la nature) et du Musée national d’histoire naturelle émis à Fin 2013 remet en cause cette idée. Nous sommes directement concernés.
Car d’après les nouveaux résultats de la Liste rouge des espèces menacées en France, au moins 11 espèces de requins et de raies sont menacées dans les eaux de France métropolitaine. Les analyses qui ont été faites ont porté sur l’ensemble des poissons dits ”cartilagineux“, comprenant les requins, les raies et les chimères.
L’impact de la pêche est la principale cause de déclin de ces espèces est essentiellement dû à la surpêche, avec une intensification de l’exploitation des requins et ce, depuis les années 80.
Pourquoi ? Tout simplement parce que ne trouvant plus de poissons communs, la pêche industrielle s’est alors intéressée à de nouvelles ressources, plus loin et plus profondes. Le résultat est que la France figure au rang des grands pays pêcheurs de requins et de raies,
La chair blanche et sans arrêtes est désormais facile à trouver aussi bien au supermarché, que dans les cantines ou cafétérias avec des appellations de type « saumonette » très insidieuses pour le consommateur non averti.
Un exemple : la population de Squale-chagrin de l’Atlantique s’est effondrée en seulement 12 ans d’exploitation, jusqu’à ce que la pêche s’arrête finalement d’elle-même, par manque de rentabilité.
Nonobstant la pêche pour leur achair, ces poissons sont aussi pêchés pour leur cartilage, leur huile que l’on retrouve désormais en pharmacie ou en cosmétiques en gélules ou en crème .D’autres espèces connaissent un déclin critique: l’ange de mer commun, requin au corps aplati, et la raie blanche, désormais classés ”En danger critique“ par L’UICN.
Que fait-on pour arrêter l’hémorragie ? On se tourne vers d’autres espèces comme la Raie bouclée, désormais classée ”Vulnérable“ après avoir été pêchée intensivement, et aussitôt remplacée par la Raie fleurie, qui elle-même est devenue vulnérable. Une fuite en avant intolérable et totalement stupide.
L’état des lieux de l’UICN est préoccupant pour 11 espèces mais cette situation pourrait en concerner d’autres, car l’état des populations de la majorité des requins et des raies reste globalement inconnu dans les eaux métropolitaines : faute d’informations disponibles, les trois quarts des espèces ont dû être placées en catégorie ”Données insuffisantes“. C’est le cas de l’émissole tachetée, commercialisée sous le nom de ”saumonette“, et du requin hâ,. deux poissons pour lesquels la pression de pêche est pourtant en augmentation.
Que faire ? Renforcer des mesures de contrôle et de suivi de la pêche .Certes. Mais à ce stade, ne devrait-on pas tout simplement stopper toute pêche et toute consommation pour laisser du temps aux écosystèmes de se reconstruire.
A quand des aires marines protégées pour toutes ces espèces mal connues et qui réclament une attention immédiate ?
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